The City & The City – China Miéville

china_mieville_thecityandthecityEncore un livre qui traînait dans mes bibliothèques depuis belle lurette, à savoir depuis mon passage aux Utopiales, en 2011 : The City & The City de China Miéville, dont j’avais beaucoup aimé Les Scarifiés. Autre genre, autre type de livre, publié cette fois-ci chez Fleuve Noir, on oscille entre roman policier et science-fiction.

Un meurtre dans une ville, une fille qui ne devrait pas être de ce côté, un flic fin limier qui subodore quelque chose de plus gros, ailleurs… tout ceci se passe à Besźel, une ville que l’on localisera à peu près du côté de la Mer Noire, en Roumanie ? Je ne sais pas vraiment. Sauf que cette ville, et c’est là où le roman devient malin et intelligent, n’est pas seule. Il y en a une autre : Ul Qoma. Elle n’est pas souterraine, elle n’est pas située à quelques kilomètres de là, non, elle est jumelle, tramée. Les deux villes n’en constituent qu’une seule et unique, plus ou moins imbriquées, plus ou moins partagées. Certaines zones sont plénières, d’autres tramées et au centre de tout cela il y a l’Unicipe, zone de transition d’une ville à l’autre.

C’est ici que China Miéville se démarque dans sa construction de ce qui aurait pu être un simple roman d’enquête sans grand intérêt : la vision qu’il a de cette ville duale, de ce tramage et des règles qui vont avec rendent la lecture passionnante ! C’est bien simple : les habitants de l’une ou l’autre ville sont éduqués dès le plus jeune âge à ne pas voir / sentir / ouïr l’autre ville. Ils évisent les passants, les voitures de l’autre ville, les évènements qui s’y déroulent et ne doivent pas rompre cet engagement. Si tel était le cas, il existe encore une troisième puissance, nommée la Rupture. Dotée semble-t-il de pouvoirs quasi surnaturels, elle s’occupe de ceux qui rompent voire qui menacent le fragile équilibre du tramage.

L’auteur nous embarque donc dans la quête de Tyador Borlù, à la recherche du meurtrier de cette étudiante américaine basée à Ul Qoma et retrouvée dans sa ville, la vie en moins. Entre Rupture, Ul Qoma, Besźel, les groupes cherchant à unifier les deux villes, les rêves d’une troisième ville secrète ou encore les fouilles archéologiques visant à comprendre le passé unique de ces cités jumelles, on s’enfonce avec bonheur dans l’intrigue de l’auteur, riche en rebondissements et informations poussant à la cogitation.

Un bon bouquin donc, certes pas absolument parfait (les personnages étant assez basiques finalement), mais qui ravira aussi bien les amateurs de SF que de polar grâce à un rythme, une structure et quelques concepts capilotractés pile comme il faut. Voilà qui me donne envie d’enchaîner avec Kraken, le petit dernier de l’auteur.