L’Immortel

Lundi soir, avant-première de l’Immortel en compagnie de Richard Berry et de Jean Reno qui se sont pour l’occasion prêtés au jeu de la promo (Richard Berry enthousiaste et pro, Jean Reno trublion des grands jours, quel bonhomme !) face à une horde de blogueurs dans le très joli cadre qu’est le Studio des Ursulines !

Tout a commencé par un petit verre de vin dans un endroit que je voulais découvrir depuis une éternité, le Vin Sobre. Au hasard de nos pas, Chandleyr, Guilaume et moi-même y sommes allés dans le but de nous rafraîchir le gosier jusqu’à ce que, accoudé au bar, je m’exclame « Mais merde alors ! On est au Vin Sobre ! » Et de sortir la carte du restaurant qui me sert de marque-pages depuis au moins un an et que m’avait refilé mon ex-belle-mère.

Enfin, tout cela ne vous parle pas du film… Il s’agit de l’histoire d’un homme, existant bel et bien, qui s’est pris 22 bastos dans le buffet et qui s’en est sorti ! Une histoire de mafia marseillaise sur laquelle Richard Berry est venu broder le reste du film, s’inspirant de cette histoire vraie et du roman publié en 2007 la retraçant. Adaptation libre donc, servie par un Jean Reno des bons jours et d’autres acteurs au diapason : Kad Merad, Jean-Pierre Daroussin et Marina Foïs, pour ne citer qu’eux.

Le film oscille entre l’action brutale, violente, celle des règlements de comptes et des assassinats (enfin, un seul assassinat, si l’on tient compte de la définition avec ou sans cagoule…) et une réflexion permanente sur cette loi du milieu qui veut qu’on n’en sort jamais, qu’on est en permanence sur le qui-vive quand bien même on voudrait ressortir de cette spirale infernale. On y retrouve Jean Reno en parrain « repenti », recentré sur sa famille, retiré des affaires et toujours accroché à une certaine définition de la morale. Il joue juste : ses regards, sa gravité, l’alternance entre la froide détermination et l’humanité débordante lorsqu’il est en famille, etc. sont autant d’éléments qui nous rappellent que Jean Reno est un grand acteur, quand bien même il s’est fourvoyé par moments dans des films qu’on peine à nommer ainsi…

On y voit aussi une Marina Foïs en mère veuve, touchante et dure à la fois. Kad Merad est quant à lui méconnaissable ! Ce rôle de pourri dégueulasse, ayant renié toute morale, névrosé à l’extrême par sa santé et celle des siens, lui sied à ravir là où l’on a l’habitude de le voir en gentil bonhomme à la face joviale. Un pari réussi pour Richard Berry, clairement, qui nous a expliqué à la fin ses choix d’acteurs, son amour de la réalisation, le pourquoi du comment il n’apparaît pas trop dans le film, etc. Quant à Daroussin, il se révèle seulement à la fin du film, se baladant seulement le reste du temps, la mine grave.

Je ne vais pas trop vous en raconter sur l’histoire à proprement parler… J’ai aimé ce film pour plusieurs raisons : l’efficacité, la photographie, le montage des différentes scènes, l’intensité qui monte… et puis une fin tout sauf manichéenne puisque c’est tout sauf une fin (mais qui n’appelle pas pour autant une suite, rassurez-vous). En revanche, certaines choses m’ont dérangées. Il y a ce règlement de compte dans une boîte de Marseille où Richard Berry abat de sang-froid un tenancier… On se demande ce que vient faire cette scène dans le film, si l’on excepte son côté graphique. Mais passons, c’est beau et ça passe bien ! En revanche, s’il y a bien un truc qui m’a pourri le film, c’est cette course-poursuite en moto, tout sauf crédible ! Voyons ! Jean Reno est censé être handicapé d’un bras, c’est une « masse », un colosse et on se voit se déhancher « breeet breeeet » sur un trail à travers la montagne… Alors oui c’est efficace, oui c’est une jolie poursuite, mais au revoir la cohérence.

Reste la tension, la violence sauvage, ces images de toute beauté d’une ville de Marseille qui semble presque belle ! Richard Berry a réussi à me donner envie d’aller la voir, cette ville que je ne connais pas et qui ne m’attire pas tant j’ai d’à priori négatifs. Donc oui, l’Immortel est un bon film dans sa globalité, un film de mafia doublé de repentance et de définition de la morale et de l’honneur, globalement très bien réalisé et comportant tous les ingrédients nécessaires pour en faire un agréable moment de cinéma.