Journée de balade – entre Omaha Beach et Mont Saint-Michel

Le weekend dernier, sur la route de la Villa Saint Jean se sont offertes plusieurs opportunités de découverte car depuis Paris, la route n’est pas bien longue et il reste alors beaucoup de temps pour s’en mettre plein les mirettes. L’une de ces opportunités était le passage à proximité des plages du débarquement. Ces plages, leurs cimetières et leurs vestiges, sont des endroits qui m’ont toujours fasciné, attiré mais je n’avais jusqu’à présent jamais eu la chance de les voir de mes yeux. Après un passage rapide le long de la côte entre Deauville et Ouistreham, l’occasion était parfaite pour les découvrir et se promener au milieu des croix innombrables.

Et force est de constater lorsque l’on dépose la voiture sur le parking du cimetière américain de Colleville-sur-Mer, à deux pas de la fameuse Omaha Beach que l’endroit en impose. Silence absolu, vent à décorner un cocu, allées taillées au cordeau et mémorial faisant penser à un bunker stylisé. Le cimetière à proprement parler n’est pas encore visible mais sa présence est d’ores et déjà tangible.

Alors on avance un peu et le champ blanc sur vert apparaît au détour d’une haie le camouflant aux regards. Effet calculé que celui de découvrir cette multitude après avoir passé l’obstacle végétal ? Surement. Reste que la vue laisse pensif, quelque peu abasourdi aussi tandis qu’on peine à avancer face au vent qui ne s’arrête jamais. Je comprends mieux maintenant la fascination qu’exerce cet endroit. Et l’imagination n’a plus grand chose à faire pour imaginer les monceaux de morts que cela représente. Quelques bouquets de fleurs fanés décorent certaines croix mais ce qui frappe, c’est le silence. Ce cimetière, plus encore que certains autres cimetières, assome par son gigantisme et son dépouillement. On est bien loin du Père Lachaise…

La suite de la balade nous emmène du côté d’Omaha Beach où j’arrête la voiture pour la prendre en photo (on en reparlera), puis vers Utah Beach que l’on évite tandis que les panneaux annonçant les cimetières semblent innombrables. Pas de doute, on frôle l’Histoire à chaque kilomètre de ce bout de France qui aura vu se jouer l’un des actes les plus impressionnants de folie, de bravoure, de boucherie et de liberté mêlées que l’époque moderne ait connu.

Direction Granville à présent, une ville dont on m’a souvent parlé mais que je ne connaissais pas non plus. On nous avait dit d’aller à la Haute-Ville et d’en faire le tour. Exécution. Deux petits parcours valent le détour et sont un passage obligé pour qui souhaite avoir un aperçu de la ville et de ce qui l’entoure : le tour de la pointe du roc et le tour de la Haute-Ville que l’on peut faire d’un coup d’un seul puisqu’ils sont situés sur le même promontoire rocheux.

On reviendra le soir pour manger à la Citadelle, un très bon restaurant de poissons et crustacés qui fait face au port et ne paye pas de mine de prime abord. Reste que le contenu de l’assiette et le service sont parfaits… On reviendra ! Mais avant cela, direction le Mont Saint-Michel en longeant la côte. Quelle vue ! Le Mont se dévoile peu à peu au cœur de sa baie légendaire, les virages s’enchaînent et le paysage reste splendide tandis que l’on s’approche de cette merveille. Quitte à se rendre dans la région, il faut absolument prendre la route de la Baie et perdre un peu de son précieux temps pour savourer ces lumières et ces paysages.

Le Mont est quant à lui presque désert, alors on se balade dans ses ruelles et escaliers, on savoure l’absence de vent et la douceur des températures comme si un micro-climat s’était établi ici. Décidément, au même titre que les romains et les grecs en Italie et en Sicile, les religieux savaient aussi choisir leurs lieux de villégiature. Inutile de rester plus longtemps, on reviendra demain pour profiter de l’Abbaye et du reste de la Baie.