En balade au Domaine de Villarceaux

Le parc région du Vexin regorge de petites merveilles et le Domaine de Villarceaux en est une. Le Domaine a bien failli mourir il y a plus de vingt ans, les quelques soixante-dix hectares centraux (sur les 3000 initiaux) ayant été sauvés par une fondation et étant désormais gérés par le conseil régional d’Île de France. Cet espace fantastique, agrégation d’éléments de diverses époques est libre d’accès pour quiconque souhaiterait plonger dans un passé commençant au XI ou XIIème siècle. Ce sont d’ailleurs les vestiges médiévaux du château d’origine qui accueillent le visiteur avant le début de l’excellente visite guidée obligatoire. Ancien mur d’enceinte, restes d’un des anciens murs du château médiéval, on est déjà surpris par le paysage que l’on aperçoit un peu plus loin avec un parterre d’eau de toute beauté.

La partie basse du domaine est en fait la plus ancienne. C’est ici que le prieuré bénédictin de femmes fut fondé, c’est ici aussi que le gigantesque corps de ferme attenant aux anciens murs du château se découvre. Les bâtiments sont désormais utilisés pour des manifestations, des résidences d’artistes ou encore pour l’association du Domaine. Une actualité culturelle riche qui montre la volonté de pérenniser le site et de le faire vivre. Assez rare pour être mentionné ! La visite commence alors en empruntant un petit escalier menant au jardin médiéval qui longe les murs les plus anciens. Gorgé de soleil et protégé, ce jardin resplendit avec à ses pieds l’ancien bassin des huit jets. On resterait déjà ici pendant de longues minutes mais il faut bien avancer car ce n’est que le tout début de la visite.

On découvre alors sur la gauche l’ancien bassin du prieuré en forme de croix, très vite transformé par les sœurs bénédictines en bassin piscicole. A droite, la vue est toute autre, jugez plutôt ci-dessous. le parterre sur l’eau est un régal visuel tandis qu’on devine l’emplacement de l’ancien château, longeant l’eau à l’origine. Il n’en reste désormais que la bâtisse visible sur la troisième photo de l’article et la tour Saint Martin, ci-dessus.

On traverse ensuite un petit jardin dont les hautes haies permettaient des balade en toute intimité aux différents propriétaires du lieu. On découvre alors le miroir de Ninon puis l’allée donnant sur le gigantesque Grand Étang… Ninon de Lenclos, maîtresse du marquis de Villarceaux sous Louis XIV et personnage important aussi bien pour le Domaine que pour l’Histoire de l’époque.

Mais surtout, on découvre une vue stupéfiante sur le Château du Haut, bâti plus récemment, au XVIIIème siècle. Le Domaine appartient alors au marquis de La Bussière, héritier de Villarceaux et ne souhaitant plus utiliser le château du bas, humide, médiéval, rustique. Il obéit alors aux modes de pensée de l’époque, vivant une partie de l’année à Villarceaux mais se faisant construire pour cela une toute nouvelle demeure avec un Vertugadin d’une part, une cour d’honneur percée de l’autre.

La montée du Vertugadin tient chaud et l’on imagine les dames apprêtées descendant cette gigantesque pelouse de hautes herbes, arpentant les pans inclinés pour faire le tour du Domaine ou aller boire et manger quelques rafraîchissements et amuse-bouche au Grand Étang. Autres temps, autre époque… un faste difficile à imaginer et qui ne doit perdurer que dans quelques grandes familles vénérant leurs positions perdues.

L’intérieur du château a été restauré avec un maximum de toiles et meubles, dispersés à l’époque de la faillite de la famille de Villarceaux, arnaquée dans les grandes largeurs par des investisseurs ayant promis la Lune à un héritier sentant les difficultés financières venir. De ce fabuleux projet ne reste que le golf collaboratif, les vestiges d’un hôtel de luxe et bien sûr ces soixante-dix hectares centraux, sauvés du désastre. On observe par ailleurs à l’intérieur du château un portrait de Madame de Maintenon par le marquis de Villarceaux. Fut-elle sa maîtresse ? Nul ne saurait vraiment le dire, l’Histoire reste floue sur ce point.

Il est temps de quitter ce splendide Domaine et l’exposition des robes d’Ollivier Henry, maître brodeur au travail époustouflant. Villarceaux, une vraie belle découverte que je vous invite à visiter au plus vite !