Essai – Volkswagen Golf R

Après avoir essayé l’Audi S3 et la SEAT Leon Cupra 280, il fallait bien que j’essaie l’autre méchante du segment C du groupe VAG, j’ai nommé la nouvelle Volkswagen Golf R. Disponible en différentes versions de carrosserie ou de boîte, je me suis pour ma part retrouvé pour ma part avec la version la plus plausible pour l’acheteur : version 5 portes et boîte DSG. Il n’en reste pas moins que pour le reste de la mécanique, toutes les Golf R embarquent le 2.0 TSI turbocompressé développant la bagatelle de 300 chevaux et 380 Nm. C’est donc la Golf la plus puissante jamais produite et il fut amusant de croiser une version 6 pendant mon weekend d’essai : subtiles évolutions et passage de 270 à 300 chevaux !

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C’est d’ailleurs l’occasion de voir que la robe ne change que peu et que les recettes d’une génération à l’autre sont les mêmes. On note ainsi la face avant et ses ouvertures béantes sur la partie basse, ainsi que les arches élargies à l’avant comme à l’arrière. Le détail amusant vient du fait que les roues sont absolument similaires ! Les détails spécifiques à Golf 7 restent bien identifiables : feux avant LED et signature lumineuse spécifique, feux arrière plus tranchés, petits blasons R par ailleurs mieux mis en valeur. La différence la plus importante entre les deux générations est finalement le passage d’une double sortie centrale à une quadruple sortie symétrique qui n’est pas sans rappeler celle de l’Audi S3. La Golf R est en tout cas à la fois parfaitement visible avec ses ailes musculeuses et ses grandes roues ; tout en étant relativement sage et commune. Si certains se retournent sur son passage, ce n’est pas le cas de tous et c’est généralement le bruit de l’échappement qui génère quelques têtes penchées ! En clair : c’est une Golf et le design général est tellement intégré dans l’imaginaire commun qu’il n’est pas forcément facile d’attirer le regard avec cette voiture. J’aurais préféré un peu plus de folie dans le design, au même titre que pour la GTI essayée l’an passé. Cette sobriété est néanmoins agréable à vivre au quotidien, la vraie nature de la voiture n’étant repérée que par les spécialistes.

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L’intérieur répond aux mêmes critères de sobriété et d’efficacité. Malheureusement, je trouve aussi que les finitions sont indignes d’une voiture à plus de 40k€ ! Si le volant et les compteurs sont de qualité, tout comme l’écran tactile – très réactif – j’ai trouvé les plastiques sans intérêt, sans charme. Autant cet état de fait, dans une Cupra 280 facturée au moins 10k€ de moins, ne me choque pas ; autant ici je trouve que VW ne s’est pas foulé et livre un intérieur tout sauf excitant. La seule source de joie vient finalement des jolis baquets avec sigle R, même si leur maintien mériterait une fonction de réglage en latéral. Oh, ils ne sont pas électriques non plus. Le volant quant à lui est un régal. Jante fine, bon cuir, bonne instrumentation, rien à dire si ce n’est son centre de plastique pas très excitant non plus.

Il y a quelque chose d’étonnant ici sur Golf R par rapport à une Audi S3 par exemple, dans le même groupe et facturée 10k€ de plus. Il y a certes un gradient SEAT / VW / Audi mais je trouve la S3 très nettement au dessus deux deux autres et donc le gap SEAT / VW pas assez important en terme de finitions, les niveaux d’équipement étant quant à eux globalement similaires pour l’utilisateur normal. Si l’habitacle est facile et pratique à vivre, il manque donc d’un petit quelque chose qui me fait par exemple préférer le niveau de finitions d’une 308 GT par rapport à cette Golf R, ou évidemment d’une Audi S3. Dommage mais il faudra bien un jour se débarrasser chez VW de cet aspect « pratique mais chiant et triste » pour faire un peu mieux en terme de qualité perçue, en retrait sur ce modèle au profit d’un aspect trop sage et rappelant une cellule d’ermite orthodoxe. Heureusement qu’il y a les sièges et le volant, donc.

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Heureusement, la partie mécanique est plus enthousiasmante ! 500 km (12.1 L/100 de moyenne) passés à bord m’ont appris à aimer cette Volkswagen Golf R au même titre que j’avais apprécié l’Audi S3. Avec ses quatre roues motrices 4MOTION et ses 300 chevaux couplés à l’excellente boîte DSG6, la Golf R est une machine tous temps / toutes routes / très vite pow pow. Oui, très vite. Le 0-100 est allumé en 4.9 secondes et si je ne suis pas allé vérifier cette donnée, je me suis retrouvé souvent collé au fond de mon siège ! Progressive et discrète au quotidien en mode Confort, la Golf R bascule dans un autre monde une fois le mode Race enclenché.

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Entre les deux, il y a le mode « Normal » qui comme le mode « Sport » de la Cupra 280 ne sert strictement à rien ! Il aurait fallu caler un mode Race et un mode Race Plus en quelque sorte, afin de révéler tout le potentiel de cette voiture et la rendre vraiment « R ». En effet, en mode Confort et Normal, la suspension pilotée et la direction assistée sont extrêmement douces, l’échappement se faisant quant à lui très discret. C’est absolument parfait pour la vie de tous les jours et la Golf R montre à merveille sa polyvalence dans ces conditions. Le mode « Race » durcit bien la direction et la suspension qui se met alors à tressauter et bien travailler sur routes bosselées. Les qualités vues sur S3 et Cupra se retrouvent ici avec un châssis extrêmement sain et efficace, prévenant et bluffant de tenue en latéral.

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Il manque en revanche quelque chose d’encore plus « R » alors que la boîte DSG égraine ses 6 rapports. Tout va très vite avec cette voiture, le fond de 3 étant calé à 130 km/h, les 200 km/h arrivant sûrement à une vitesse folle. C’est linéaire, efficace et on se jette dans les courbes avec la certitude de la tenue du châssis, bien aidé par un bon toucher de route et un train avant qui conserve en permanence de la directivité. Toutefois, je ne peux m’empêcher de penser qu’une boîte 7 aurait été plus appropriée afin de garantir encore plus d’explosivité en reprise. Ici, on joue sur le couple et un peu sur la hauteur dans les tours mais pas trop, le moteur s’éteignant bien vite une fois passés les 5500 tr/min. Les freins se montrent quant à eux à la hauteur et récupèrent bien au fil des assauts de la mise en vitesse bluffante de la bestiole.

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R pour radicale alors ? Non. Elle va vite, très vite. Elle sonne fort aussi avec son échappement amusant et sonore à souhait en mode Race. Elle freine fort et bien. Elle tourne très très bien et se comporte royalement en courbe. En revanche, il lui manque comme à sa cousine S3 une vraie dose de fun et de radicalité, justement. Le train arrière est inamovible et si le 4MOTION est bel et bien là, il ne bascule jamais totalement le caractère de la voiture d’un train à l’autre. On reste face à une traction dans l’âme, aidée sporadiquement du côté des roues arrière afin de tourner toujours plus vite et de sortir des courbes à des allures folles. Les amateurs de train arrière mobiles en seront donc pour leur compte et j’avoue avoir été un peu déçu par ce ressenti alors que je m’étais laissé dire que la Golf R était justement plus « fun » que la S3 de ce point de vue. N’est pas S1 qui veut.

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La Golf R est-elle pour autant une déception ? Non. Si je l’attendais plus fun, sûrement très naïvement, elle ne fait montre d’aucun défaut réel pour ce qui est de son comportement dynamique. Il lui manque encore une once de fermeté et de folie pour se démarquer de l’Audi S3, dont on sait qu’elle est complétée par une RS3 normalemnt plus radicale.

Chez Volkswagen, j’ai tendance à croire qu’il aurait vraiment fallu marquer plus franchement la différence de comportement entre GTI et R. Boîte plus courte, châssis encore plus raide, direction encore plus ferme également et train arrière plus mobile. Elle aurait alors mérité son sigle R sans aucune hésitation.

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Cette Golf R se place finalement comme une alternative un peu bancale entre la Cupra 280 et l’Audi S3. La première va sûrement plus vite au final car plus légère et tout aussi excellente en terme de liaison au sol. Les 10k€ de moins risquent de faire un peu mal à la Golf, d’autant plus que la SEAT n’est pas non plus ridicule en terme de finition, d’équipement et de polyvalence, alors que la Golf est justement presque tout aussi triste à l’intérieur ! Quant à l’Audi S3, elle va au moins aussi vite et bénéficie en revanche d’une finition nettement plus premium en qualité perçue, avec la même polyvalence tous temps liée aux quatre roues motrices. Les 10k€ de plus pourraient donc être injectés pour le blason et la meilleure qualité perçue.

Position pas facile par conséquent pour la reine du segment C qui peine à mon sens à se trouver un monde et une place dans le segment des petites brutes. Pas assez bien finie pour ennuyer Audi, pas assez différente d’une SEAT et sûrement pas bien plus rapide, il lui manque un peu de courage d’ingénieurs et de responsables projet pour faire de ce « R » une vraie radicalité qui ravira les afficionados et traditionnels fans de la Golf tout en allant conquérir de nouveaux clients disposés à basculer dans le monde VW en échange d’un vrai caractère. A bon entendeur…

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