Essai – Renault Clio R.S. 220 EDC Trophy

La précédente génération de Clio R.S. était la reine de sa catégorie. Moteur dantesque, boîte aux petits oignons et dynamisme de rêve : j’ai toujours du mal à l’oublier tant le niveau était haut. Depuis, les Fiesta ST et 208 GTi sont arrivées, la nouvelle Clio R.S. 200 EDC également. La Fiesta a fait mieux qu’elle. La 208 non mais Peugeot Sport a été remis en haut de l’affiche et a signé une 208 GTi by Peugeot Sport tout simplement géniale. Renault Sport se devait donc de corriger le tir afin de damer le pion à Ford d’une part mais aussi et surtout à Peugeot Sport ! Voici donc Renault Clio R.S. 220 EDC Trophy, la mouture censément plus sauvage de la Clio R.S. qui m’avait quant à elle laissé un sentiment d’inachevé.

Au même titre qu’une Mégane R.S. ne se distingue que peu d’une Mégane R.S. Trophy, cette Clio un brin spéciale reste discrète comme le modèle R.S. standard, n’adoptant que quelques éléments distinctifs. L’ensemble reste donc plutôt élégant et séduisant, sportif ce qu’il faut sans tomber dans la brutalité. Dans la revue de détails, on note donc les roues diamantées noires de toute beauté, une lame grise ornée de l’inscription Trophy, des bas de caisse également dotés de l’inscription mais aussi et surtout une teinte spéciale : un blanc mat avec toit noir brillant et rappels de cette dernière couleur sur les poignées, rétroviseurs, roues, diffuseur et bas de caisse. Dans cette livrée, Clio R.S. 220 EDC Trophy en jette sans trop en faire. J’aime beaucoup !

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L’intérieur est quant à lui… convenu. Très peu d’évolutions si l’on excepte les baquets plus enveloppants (pour de vrai, c’est mieux) spécifiques à cette version et dotés d’un rappel visuel de la lame grise de la face avant. Le reste n’évolue pas visuellement et reste d’ailleurs assez sage par rapport notamment à la 208, tellement mieux finie et plus qualitative à mes yeux. L’essentiel de la conduite sportive est bien là malgré tout avec un joli pédalier, de jolis tapis de sol, un volant qui tombe bien sous la main et les baquets dont je parlais déjà avant, bien faits. Le principal défaut de Clio R.S. 200 EDC n’a en revanche pas été corrigé : l’horrible comodo de commande de la radio reste bien présent et n’a donc pas permis à Renault Sport de prolonger les palettes de sélection de rapports de la boîte EDC. S’il y a bien quelque chose que j’aurais souhaité voir sur une « Trophy », c’est ça. Mais non, la logique industrielle continue de brider les sorciers.

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Du côté des compteurs et du système d’infotainment, pas grand chose à signaler à mon sens. Le système R-Link se débrouille toujours bien mais a pris un petit coup de vieux en terme d’IHM et de design. Il me tarde d’essayer la version 2 sur Espace pour me rendre compte des évolutions car pour ce qui est de Clio, il y a désormais mieux ailleurs en terme de design, les fonctions assurées restant de très bon niveau sur Clio néanmoins. On notera enfin pour finir le bouton R.S. Drive, toujours au centre du véhicule, à côté de l’interrupteur toujours aussi mal placé des régulateurs et limiteurs de vitesse. C’est une sorte de constat général sur l’habitacle de Clio par rapport à d’autres constructeurs : les fonctions sont là, cela fonctionne bien mais diantre, qui a bossé sur l’emplacement de tous ces comodos, boutons et autres… ? C’est n’importe quoi, il y en a partout. On dirait pour le coup la Ford Focus avant la mise à jour de mi-vie. Bref, y a besoin de gens pragmatiques et ergonomes du côté du design intérieur chez Renault. Là-aussi, j’attends de me mettre dans les nouveaux Espace et Mégane pour voir si ça évolue dans le bon sens !

On a donc vu que l’extérieur est sagement modifié, avec goût et équilibre, de manière reconnaissable sans tomber dans l’ostentatoire brutal. On a vu également que l’intérieur reste décevant et que Clio R.S. 220 EDC Trophy, hors baquets spécifiques, ne change pas du tout de ce côté-ci. Reste la technique et la conduite, puisque c’est paraît-il de ce côté qu’il faut regarder ! Le bloc a gagné 20 ch et 20 Nm (40 sur les rapports 4/5) et cela se sent et s’entend un peu du côté de l’échappement, un peu plus « plop plop plop » que sur la version de base, avec d’ailleurs une tonalité qui n’est pas sans rappeler MRS. Le 1.6L est un peu plus rageur et explosif qu’auparavant, toujours assez linéaire bien sûr mais avec un zeste de caractère en plus qui n’est pas désagréable. Mention bien, donc, mais encore plus de rage n’aurait pas fait de mal !

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La boîte a également subi quelques modifications avec des temps de montée de rapport diminués de 30% et des rétrogradages facilités grâce à une course réduite des palettes. Est-ce vrai ? Oui. Cela se sent. La boîte, déjà très convaincante sur le modèle standard – rappelons que la Trophy coûte moins de 30k€ hein – reste très efficace et gagne en effet en vivacité. Ce n’est toujours pas une boîte de Ferrari et ça ne le sera jamais mais clairement, on sent qu’il y a un petit quelque chose en plus dans la Trophy qui va plus vite. La voiture n’est pourtant pas rouge. Reste que ça marche, avec quelques déflagrations au passage, sans tomber là non plus dans l’Audi qui crache ses tripes à chaque montée de rapport. C’est mieux que la base mais ça manque de violence. Oui, oui, de violence. Je ne sais pas pourquoi mais pour moi, Trophy = sauvagerie et violence. Ici, on gagne en efficacité et en vitesse mais pas en rage, comme pour le moteur en somme.

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Les suspensions et les trains roulants, alors ? La caisse est abaissée à l’avant comme à l’arrière et cela se voit autant que ça se sent : c’est plus rigide et collé au sol, avec des gommes revues et corrigées. Sur le sec, la motricité est au top et la voiture redonne ce qu’il faut d’informations au volant, avec une direction également plus vive et directe. La crémaillère a été changée dans ce sens et c’est une bonne chose. En revanche, sur le gras et sur sol froid du petit matin, l’absence de différentiel à glissement limité se fait sentir avec ces chevaux et newton mètre en sus. C’était une de mes critiques sur 208 GTi, c’était aussi une critique lors de l’annonce de la Trophy et je confirme : Peugeot Sport fait mieux du côté du train avant avec son diff’ que Renault Sport sur cette Clio R.S. 220 EDC Trophy.

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Le train arrière conserve quant à lui son caractère mobile, sorte de mini Mégane R.S. qui m’avait déjà séduit sur le châssis Cup de la 200 EDC. C’est toujours aussi sensible et agréable sur cette 220 Trophy ! Le freinage n’a quant à lui pas été revu non plus. Comme sur la 200, c’est suffisant pour une utilisation assez normale « plus » mais je ne donne pas cher de la garniture et des courses pédale sur une utilisation intensive. J’avais déjà critiqué 208 GTi sur ce point et la version « by Peugeot Sport » est passée à de petits étriers fixes, très mordants et incisifs. Je trouve encore une fois dommage que Renault Sport ne leur ait pas emboîté le pas sur ce point certes très « image ». Ces petites voitures ne nécessitent pas en usage normal de freins fixes, c’est un fait. Reste que quand on vend une « Trophy », il faut aller au bout des choses et changer ce type de composants, quitte à perdre un peu d’argent au passage.

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Je pense que vous devez commencer à me voir venir, là… Je ne vais donc pas m’éterniser sur cet essai qui me laisse, comme celui de la R.S. 200, un léger goût d’inachevé. Renault Clio R.S. 220 EDC Trophy est indubitablement meilleure que sa version standard mais je ne sais pas si elle l’est au point de mériter une appellation Trophy. Certains défauts sont corrigés, le moteur est plus nerveux (10.7 l/100 sur les 690 km parcourus) et la boîte, déjà bien, va sensiblement plus vite. Les trains roulant sont réglés aux petits oignons et la voiture sait générer son lot de sourires tant à l’intérieur en roulant fort qu’à l’extérieur avec un joli look. C’est une petite Mégane R.S. mais pas une petite Mégane R.S. Trophy. Il lui manque vraiment cette dose de radicalité, de pistarde, de rudesse de l’ancienne Clio R.S. châssis Cup. Même si elle va bien plus vite que son aïeule et est même peut-être plus rapide que la 208 GTi by Peugeot Sport, il lui manque cette dose d’âme qui fait la différence.

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Le tir est donc partiellement corrigé. Renault Clio R.S. 220 EDC Trophy efface une partie de la gentillesse de la version d’origine et prend nettement de l’avance sur la 208 GTi. Elle recolle même la Fiesta ST, je crois bien. Reste que la longueur d’avance prise par la 30th/by Peugeot Sport reste trop grande. Copie encore à améliorer pour faire de cette Clio la même référence sportive indétrônable que fut et est encore la Mégane R.S. pendant l’ensemble de sa vie sur son segment !

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