Essai – Mercedes-Benz GLA 45 AMG

Je connaissais déjà un peu le GLA, l’ayant pris en main il y a quelques temps. Je connaissais également le « 45 AMG » via mon essai de la sulfureuse Classe A. Mais voici venir une drôle de bête. Ce mélange se nomme Mercedes-Benz GLA 45 AMG et c’est donc un hybride de catapulte du segment C et de patapouf SUV citadin tel que les constructeurs aiment en concevoir et surtout en vendre. Utile ou inutile ? Là n’est à dire vrai pas réellement la question puisque la réponse est évidemment l’inutilité. Ce modèle répond seulement à une certaine demande et à une volonté chez Mercedes et AMG de décliner systématiquement leurs compétences sportives sur tous les modèles de leur gamme. La question, vraiment, est la suivante : « Est-ce réussi ? »

Extérieurement, la filiation avec la Classe A AMG est évidente. Si les lignes sont un peu plus dodues et rondes que la berline et sûrement moins racées que celles du CLA, elles n’en demeurent pas moins facilement identifiables à la petite famille du segment C de la marque étoilée. On retrouve ainsi un regard très similaire, entourant la calandre ornementée d’une grande étoile et surplombant de grandes prises d’air. Le chrome se montre avec ardeur et un discret sigle AMG vient se positionner à droite du blason. C’est tout ? Peu ou prou, oui. La face avant donne l’impression d’être plus verticale que sur la berline, la faute à un pare-choc forcément plus haut, surélévation de la caisse oblige. Le capot reprend les mêmes lignes que celles de la A, avec ses deux nervures.

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Les flancs sont du même acabit également avec l’indication TURBO AMG et c’est sur le train arrière que l’on voit vraiment la spécificité du GLA. Ligne de toit plus haute, coffre d’apparence plus massive également du fait de la caisse plus haute. C’est une Classe A gonflée en GLA, gonflé en AMG à coups de stéroïdes dans les ailes. Les roues sont similaires et on retrouve derrière elles les mêmes étriers qui équipaient la berline, peints en rouge. Sans oublier la quadruple sortie d’échappement. C’est donc le même monde, simplement un peu plus rond et haut, clairement pas disgracieux pour ce qui est de l’avant mais un poil plus dur au regard pour ce qui est de l’arrière. C’est dommage pour celles et ceux qui contempleront plus souvent la voiture de ce côté-ci, dans le souffle d’un dépassement éclair. Vous l’aurez compris : je préfère CLA, ensuite CLA SB, puis A et enfin GLA en bon dernier mais l’excellent design de base de la Classe A sauve ce qui reste un véhicule assez difficile à dessiner car devant dans un tout petit gabarit mêler le dynamisme d’une berline et l’aspect statutaire d’un SUV. En sus dans l’équation : la méchanceté d’une AMG. Ce n’est donc pas aussi brutal que ça pourrait l’être mais le compromis est appréciable et réussi à mes yeux.

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L’intérieur répond exactement aux observations précédentes : c’est une Classe A AMG. On retrouve donc point par point les mêmes qualités et défauts que décrits dans mes articles précédents : très bonne qualité de finition générale, détails de conception réussis, volant splendide, baquets parfaits ou presque, sensation générale de confort et d’une bonne dose de premium au vu des qualités de matériaux. Du côté des défauts, il s’agit encore et toujours du même, à savoir le vieillissement du système infotainment, de ses écrans et de sa simple molette de commande. On a hâte de voir arriver 2016 et le facelift de la gamme A afin de savoir si Mercedes intégrera tout ou partie du système vu sur Classe C et Classe S. En attendant, l’ensemble reste fonctionnel et pratique, avec certes une résolution d’écran pas idéale mais des commandes qui tombent bien sous la main et des principes d’ergonomie simples et évidents. Les commodos sont bien répartis et leurs fonctions bien indiquées mais il est grand temps de simplifier la console centrale !

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Je chipote, je chipote, mais on parle tout de même d’une voiture à 60k€ en base, 73k€ pour la version essayée. Ce vieillissement accéléré, phénomène récent puisque le domaine est en (r)évolution permanente, n’en est que plus difficile à accepter. Drôle de monde que celui qui veut que je fasse systématiquement de ce « système infotainment » un grand point d’attention alors qu’il y a dix ans, je ne m’en serais pas soucié une seule seconde mais pouvoir appairer et commander mon iPhone est devenu une espèce de pré-requis qui, s’il n’est pas évident ou bien fichu, se transforme en « ce système est vieux / nul / dépassé / a vieilli / mal pensé » (rayez la mention inutile). Par ailleurs, c’est finalement l’un des points où les constructeurs se démarquent franchement les uns des autres tandis que la qualité générale de fabrication chez les premium allemand s’est uniformisée vers le haut du panier !

Fin des inspections. Moteur. Le 2.0L turbo de 360 ch et 450 Nm s’ébroue dans un grondement sympathique comme sait les concevoir la division sport de Mercedes. AMG soigne ses échappements et cela s’entend à l’accélération mais surtout aux passages de rapports, ponctués de quelques explosions sonores et autres pétarades qui rendent toute route sinueuse sympathique. Pour le reste, le moteur conserve le caractère à la fois très linéaire et explosif qu’on lui connaissait, avec une boîte 7 certes réactive mais pas vraiment véloce non plus. Mêmes qualités et défauts que Classe A ? Oui et non. La mise en vitesse est diabolique, comme sur la berline. 1-2-3-4 et WOOOW, ok je n’avais pas vu le compteur.

La différence entre les deux véhicules se fait finalement au niveau de la suspension puisque le GLA 45 AMG, même avec le mode Sport et la boîte en mode Sport, se montre prévenant pour les lombaires là où la Classe A avait tendance à me les tasser. La suspension n’est pas molle mais les quelques centimètres de surélévation ont du amener les ingénieurs à un compromis dynamique finalement assez différent pour ce qui est de l’amortissement. On en retire un véhicule plus doux et confortable, même sur routes très bosselées, là où ça tapait et cognait sur Classe A. J’ai clairement été surpris de ce confort général, si l’on excepte les bruits de roulement et d’air, assez présents dans l’habitacle, que l’on roule vite ou non.

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Le freinage m’a semble également un peu plus en peine que sur la Classe A. Moins de mordant, toujours pas mal d’efficacité mais un sentiment de « moins » général. Là-aussi, la caisse plus en hauteur nuit au dynamisme général de l’auto avec des transferts de masse plus marqués et un train avant qui souffre d’autant plus sur les fortes décélérations, roues de 20 pouces en sus, l’arrière se montrant par ailleurs moins mobile que sur Classe A. Plus gros disques à l’arrière ? Je n’ai pas vérifié mais dans l’ensemble, je me suis senti un peu moins en confiance dans ce gabarit de véhicule versus A 45 AMG.

Il faut néanmoins pondérer ce côté critique par un fait indéniable : GLA 45 AMG va vite, très vite, très très vite même et ceci même sur le mouillé. Le 4MATIC procure une sacrée sensation et de confiance et si la suspension est un peu plus douce, elle n’en est pas moins efficace et fait bien travailler les gommes Continental. Le grip en latéral et la tenue en courbe sont excellents, voire bluffants, comme sur la A 45 AMG. De même, le volant et la direction sont un régal pour ce qui est de l’inscription du train avant, pas du tout pataud et remontant de bonnes informations.

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Les baquets, au même titre que sur Classe A, font bien leur office et maintiennent parfaitement en courbe. Il faut bien cela et le volant doublé d’alcantara pour soutenir le rythme car je le répète : GLA 45 AMG va foutrement vite. Est-il réjouissant pour autant ? J’ai l’impression de devoir faire une conclusion assez semblable à celle du BMW X6 xDrive50i : le véhicule est surprenant de dynamisme et le rythme atteint a de quoi faire rougir un gros paquet de berlines sportives, ceci grâce à une très bonne liaison au sol et un moteur ravageur. Toutefois, il est aussi perturbant puisque sa position surélevée et son confort augmenté font qu’on ne ressent que peu la route si ce n’est au travers des retours à la direction. Les limites sont donc très difficiles à cerner et on a la sensation que c’est le pneu qui va lâcher l’affaire avant le reste. Fausse impression ? Sûrement. Toujours est-il que c’est là mon ressenti au volant du GLA 45 AMG !

Moteur puissant et rempli alternant explosion et linéarité, boîte efficace mais manquant de rapidité, échappement jouissif, excellente liaison au sol, motricité et grip latéral bluffants avec le 4MATIC, freinage manquant un brin de ressenti, direction au top, confort excellent en toutes occasions… Le GLA 45 AMG, au delà de sa robe, trahit également son côté hybride sur le plan des performances, en deçà d’une A 45 mais néanmoins diaboliques pour un véhicule de ce gabarit. Est-ce utile ? On a déjà dit que non et à dire vrai, l’essentiel est de plaire à une certaine cible, ce qui est sûrement réussi. En revanche, est-ce réussi pour une AMG (au delà de la consommation convenable à 15.3 L/100 sur les 200km parcourus) ? Je suis mitigé. Il manque une once de radicalité et un peu plus de consistance dans les performances pour me convaincre totalement d’attaquer les yeux fermés à son bord !