Essai – Mercedes-Benz E 220 d Fascination

Après de longues et fructueuses années de carrière, la Classe E a été renouvelée il y a quelques mois. Il était temps pour moi de la prendre en mains afin de faire le tour des nouveautés technologiques et de faire connaissance avec le nouveau bloc 220 d, l’entrée de gamme qui va certainement représenter une belle partie des ventes. La Mercedes-Benz E 220 d, livrée pour cet essai dans sa finition Fascination, est-elle encore une référence et a-t-elle de quoi faire peur aux futures Série 5 et A6 qui ne sauraient tarder à arriver ? La marque a en tout cas du travail pour renouveler un modèle emblématique qui se doit de rester classique tout en introduisant les codes stylistiques plus modernes et dynamiques de la partie basse de la gamme.

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Cela se voit en tout cas du côté du design puisque la Classe E hésite entre être une petite Classe S ou une grande Classe C ! Les proportions sont équilibrées, la voiture ne paraissant finalement pas aussi grande qu’elle ne l’est en réalité. C’était déjà le pari réussi de la C et cela reste vrai sur cette E qui sait presque se faire oublier et n’est pas visuellement le paquebot que ses dimensions numériques le laissent penser. La ligne est en revanche moins nerveuse et dynamique, plus classique, ceci étant particulièrement vrai au niveau du coffre et des arches du toit, moins tendues ou d’apparence moins tendue que sur un plus petit gabarit.

La face avant, quant à elle, est plus expressive. Elle reprend les derniers codes en terme de regard et se dote d’une large calandre intégrant intelligemment la plaque du radar, créant une zone noir brillante un peu surprenante. La finition Fascination joue également sur l’élégance plutôt que sur le dynamisme avec des babines chromées et des ouvertures plutôt réduites, en finesse, en opposition aux gueules béantes des finitions ou versions AMG. L’étoile quitte la calandre et se retrouve sur le capot, assumant là-encore le caractère statutaire de l’auto. Tout cela est propre, élégant et classieux, massif mais pas trop, racé mais pas trop.

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L’arrière est quant à lui tout à fait classique mais sort d’un aspect purement massif grâce à la (dis)continuité des chromes partant de la face avant, longeant la ligne de caisse et remontant ensuite sur le bas des ailes arrière. Sobriété et classicisme. Cette Mercedes-Benz E 220 d ménage donc la chèvre et le chou que sont les possesseurs de Classe C et de Classe S. Les premiers se satisferont des lignes plus racées de leur auto sans avoir autant de stature. Les seconds quant à eux ne verront pas leur orgueil touché puisque le gabarit de leur auto et sa présence restent plus imposants. Au final, extérieurement, la nouvelle Classe E est complètement dans la continuité de sa précédente génération, ne réinventant rien, changeant seulement les éléments les plus distinctifs pour se mettre au diapason du design maison. On pourra dire qu’il s’agit là d’un certain manque d’audace mais il ne faut pas oublier que la marque a déjà pris beaucoup de risque sur A et C pour rajeunir sa clientèle et n’en prendra sûrement pas autant sur la Classe E, dont la clientèle ne va guère changer du fait du positionnement de l’auto.

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C’est finalement plus à l’intérieur que cela change puisque la Mercedes-Benz E 220 d est pour résumer une petite Classe S, ou une Classe S. Je n’ai pas encore essayé cette dernière mais le niveau de finition et d’équipement, déjà excellent et pléthorique sur Classe C atteint ici des sommets ! Il faut dire que Classe E est disponible à partir de 47k€. Ma version d’essai, en Fascination, coûte la bagatelle de 65k€ et même 73k€ avec les différentes options. On attend par conséquent d’être copieusement servi pour ce prix là et Mercedes-Benz a bien entendu le message.

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La version d’essai était à mon sens d’une élégance assez exquise. Le mélange de cuir beige « macchiato » et brun « expresso », combiné aux touches de chrome et aux placages en bois, est de toute beauté même si je ne suis d’ordinaire pas un grand fan des cuirs clairs, pour des raisons de vieillissement et de propreté. La sensation d’espace, renforcée par le gigantesque toit panoramique en verre, est fascinante. Installé dans les splendides sièges au confort irréprochable, on a l’impression d’avoir la voiture pour soi quand bien même des passagers sont présents dans les autres sièges. Je cherche la faute de goût, la faute d’assemblage, je n’en trouve pas.

Le volant brun, la zone perforée autour de 9h15, les surpiqures claires sur le cuir brun, tout est fait pour que les détails accrochent l’œil et le flattent. C’est une constante chez Mercedes sur mes derniers essais et cela se confirme encore ici : le soin du détail va jusqu’aux différents boutons, repris dans la gamme ou spécifiques, fait d’un joli plastique gris revêtu ou d’un noir sobre ou brillant, depuis la molette du système COMAND en passant par le loquet de fermeture des portes et sans oublier les contours de boutons de réglage de siège ou l’activation et la désactivation des aides à la conduite. Tout est beau, en fait. Pas de défauts. C’est un sans faute et cela inclut le bouton de démarrage du moteur.

Il reste bien sûr quelques anachronismes ou choix ergonomiques, repris de manière historique et tenant plus de la posture idéologique qu’autre chose : le levier de sélection de boîte situé derrière le volant, faisant un vilain comodo là où il aurait pu être intégré sur la console centrale ; la sélection des feux avec son commutateur tournant en bas à gauche du volant, toujours aussi peu pratique ; enfin la commande du frein de parking, séparée et isolée pas bien loin. Mercedes-Benz reconduit systématiquement ces positionnements et ne change rien. Je ne comprends toujours pas mais soit.

L’excellence de fabrication, l’excellence des matériaux, il faut aussi ajouter à cela l’arrivée de deux jolies nouveautés dans cette Classe E. Vous aurez noté sur les photos du volant l’absence de molette rotative, c’est normal puisque celles-ci sont remplacées par de petits pads tactiles et cliquables ! C’est un régal à utiliser et c’est tellement plus beau à l’œil. Plus de clics approximatifs ou de crantage de molette imprécis : on slide à gauche, à droite, en haut ou en bas et on clique au besoin. C’est un vrai plus, d’aucuns diront que c’est gadget mais cela fait partie des gadgets à effet « wow » qui dure. Bref : j’adore. La seconde nouveauté est liée à ces petits pads et à celui de COMAND, au centre de la console. Les pads commandent le premier écran gigantesque de l’auto. L’autre le second ! Car oui, il y a désormais deux écrans, formant une belle dalle noire regroupant l’ensemble des informations de l’auto.

Peu de changements du côté de l’interface et des informations affichées, on retrouve les fonctions habituelles, que ce soit du côté de la navigation, du téléphone, des médias ou encore des différents modes d’affichages des compteurs ou de l’affichage tête haute. A noter, la compatibilité Apple CarPlay mais avec un problème : si on change d’application sur l’iPhone, on perd CarPlay… Pénible quand par exemple on veut utiliser Waze (non compatible CarPlay) et Spotify en background. Au final, je n’ai donc pas utilisé CarPlay et me suis contenté du très complet et globalement bien pratique système COMAND.

L’ensemble est extrêmement complet, doublé d’un système de vue à 360° très pratique et bien pensé, d’une possibilité de configurer l’éclairage d’ambiance avec 64 couleurs et les passagers arrière ne sont pas non plus oubliés. Bref : la Mercedes-Benz E 220 d est un cocon de luxe, de calme, de belles matières et de belle technologie au service du conducteur. La notion de fatigue disparaît à son volant et c’est en grande partie lié aux efforts fournis par la marque pour créer un tel environnement, clair, aéré et bien conçu.

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Je parlais de fatigue au volant et cela m’amène à vous parler de la conduite de cette nouvelle Mercedes-Benz E 200 d : c’est un tapis volant roulant. La suspension pneumatique optionnelle « Air Body Control » (facturée 2300€) gomme totalement l’adoption de pneus à taille basse (40 et 45 sur roues de 18 ») sûrement un peu plus raides que la monte d’origine. Que l’on soit en mode confort ou en mode dynamique, l’amortissement est de premier plan, gommant toutes les imperfections de la route et lissant donc les remontées dorsales. Ce bon équilibre de la voiture est combiné avec une excellente insonorisation et un système son de qualité, rendant les trajets sur autoroute et à bonne vitesse tout à fait tranquilles et paisibles. La nouvelle Classe E est faite pour avaler des kilomètres et c’est visible sur ce seul et unique point !

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La direction ne se fait pas mollassonne et triste pour autant. Le châssis de la Classe E est à première vue réussi, il faudra bien sûr le vérifier sur des versions plus dynamiques. Toucher de route consistant au niveau du volant, bonne directivité et pneus capables d’absorber les courbes sans problème : le rythme peut augmenter sans problème, sans chercher la sportivité bien sûr mais la tenue de vitesses illégales dans un confort absolu est une réalité. Classe E semble donc bien née et prodigue une belle qualité de conduite, sans être bien sûr une machine « plaisir ». Ce n’est pas son objectif et elle ne cherche donc pas à le remplir, fournissant simplement de bons retours à son conducteur. Même combat du côté du freinage, efficace et doux, avec une course pédale traditionnellement un peu longue chez Mercedes.

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Le tapis roulant est donc pour le moment parfaitement satisfaisant, prodiguant technologie (régulateur adaptatif bien calibré, maintien en ligne semi-autonome convaincant) et confort (amortissement irréprochable). Qu’en est-il de ce nouveau bloc 2.0 L diesel de 194 ch ? Tout d’abord, il délivre 400 Nm de couple. Autant dire que le déplacement de la masse conséquente de la Classe E n’est absolument pas un problème ! La boîte 9 rapports 9G-TRONIC, toute neuve elle aussi ou presque si je ne m’abuse, encaisse en douceur le couple et enroule sur un filet de gaz. Les montées et descentes de rapports sont presque imperceptibles, seulement un peu plus marquées en mode « dynamique ».

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Le moteur quant à lui est… étonnant. La sonorité a été travaillée et les vibrations du diesel très bien gommées. Il n’y a guère qu’au démarrage et sur les toutes premières montées en régime que sa nature le trahit car pour le reste, il ronronne doucement et sobrement, remarquablement filtré. L’échappement tend à gronder tout doucement plutôt qu’à vibrer ou claquer. C’est un diesel, vous êtes sûrs ? Je suis étonné des évolutions par rapport à mon essai de la C en version 220 d il y a quelques temps. Il est par ailleurs furieusement sobre avec 5.4 L/100 de moyenne sur les 1200 km de mon essai ! En bref : ce moteur est réussi. Coupleux, silencieux, fort d’un couple bien développé et accouplé à une boîte toute en souplesse, c’est assurément un gage de kilomètres avalés là-aussi en toute quiétude et sans facture salée à la fin. Chapeau.

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Les grandes berlines sont rarement ma tasse de thé, je n’en suis pas la cible. Je les essaie généralement parce que telle ou telle nouveauté sur leur gabarit m’intéresse. Sur la M550d, c’était le moteur et ce fut bluffant. Sur l’A7, c’était également le moteur il m’avait estomaqué. Sur cette Mercedes-Benz E 220 d, c’était ce nouvel habitacle et ce nouveau bloc et j’en ressors une fois encore convaincu, plutôt bluffé même par l’agrément général de cette auto qui préfigure sûrement les « mi-vie » de Classe C et consorts. Ce nouveau moteur diesel est un petit monstre à tout faire, discret, sobre et volontaire. Le niveau de technologie et aussi le niveau hallucinant de finition et de qualité dans l’habitacle sont également de nouveaux standards pour la marque et pour la concurrence qui aura donc fort à faire pour égaler cette nouvelle E !

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Si le tableau décrit dans le paragraphe précédent tend vers la perfection, j’ai tout de même quelques regrets du côté du design car Mercedes-Benz applique ici une très sage évolution, aucunement une révolution comme elle a pu l’opérer sur les A, C ou AMG GT ! La Classe E, aussi statutaire, classique et conservatrice soit-elle de part sa position, aurait mérité peut-être une once supplémentaire d’audace de style pour servir le reste de ses attributs mécaniques et technologiques. Il faut croire que nul n’est finalement parfait, même elle !