Essai – Mercedes-Benz A 45 AMG

AMG. Un nom mythique synonyme de puissance brutale, de Mercedes-Benz à la sauce sauvage et de pneus qui brûlent sous l’assaut des trop de Newton au mètre. Après avoir rapidement pris en main une grande partie de la gamme AMG au CERAM l’an dernier, je suis reparti pour un weekend d’essai au volant de la plus petite d’entre elles, rapidement abordée à Mortefontaine : la Mercedes-Benz A 45 AMG, en One Edition quitte à faire les choses jusqu’au bout et avec une brochette bien garnie côté options.

Quand je l’ai vue sortir du parking, j’ai commencé par rigoler un peu en me disant que j’allais sûrement me faire copieusement moquer (ce fut le cas au bureau et pendant le weekend avec les comparses du GDB). Peinture gris mat. Pack aéro AMG et roues de 19 ». Le look est total et les signes extérieurs de sportivité sont au delà du raisonnable ! L’aileron, les flaps sur les côtés, ce gris, c’est trop ! Je cherchais une manière de la photographier, je pensais à la meilleure manière de la planquer un peu, de la garer Place des Vosges et je songeais même à me cacher, moi. Et puis j’ai vu les sourires, les « wow » de certain(e)s. Ce style totalement exacerbé et poussé à l’extrême passe finalement bien et on finit par s’y habituer et par l’apprécier. De là à l’acheter, non, mais j’ai eu du mal à la rendre.

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Flancs sculptés, énormes roues, mention « Turbo AMG » sur l’aile et rappel à l’arrière : 4MATIC / AMG. Pas de doute, c’est une Classe A mais c’est aussi une AMG. Les proportions générales n’ont pas changé et la Classe A découverte il y a maintenant presque deux ans a bien vieilli, preuve s’il en était besoin que celle qui a amorcé le renouveau stylistique de la marque est réussie de ce point de vue. Entre le regard, l’énorme étoile de la calandre et son discret rappel au dessus, j’aime toujours autant Classe A et ces muscles additionnels lui vont à ravir. On dirait un hamster bodybuildé et très énervé. (nota : la 206 WRC était également digne de ce qualificatif et c’est donc un vrai compliment)

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A l’intérieur, on retrouve l’excellente base de Classe A, bien revue par AMG. C’est là que réside la différence entre une bonne sportive et une mauvaise : le degré de détails modifiés et de marge que peut prendre la division sportive d’une marque pour modifier un modèle de production de masse. Chez Mercedes-Benz et AMG, on y va franchement avec une voiture bien différente de la base sur les deux points qui comptent : baquets coques profonds et enveloppants avec des zones en Alcantara, volant changé dont la zone centrale se couvre d’Alcantara. Le mot d’ordre est donc le grip et la prise en main. Les compteurs ont également changé et adoptent un style unique. Les ceintures adoptent la couleur rouge, tout comme les surpiqûres de l’habitacle et le tissu « carbone » recouvre la planche de bord. C’est beau, ça respire la belle finition et c’est bien assemblé même si ça craque un peu après une grosse session d’essai.

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Le seul truc qui cloche, c’est finalement la console centrale et le système d’infotainment qui a pris un gros coup de vieux en deux ans. Mes remarques faites sur la dernière Classe C sont également valables sur Classe A, d’autant plus que le système n’a pas eu de belle mise à jour et en aurait bien besoin. L’ergonomie est à revoir, tout simplement, tout comme le design. Autre menu détail à corriger : le passage en mode sport. Il faut pour cela activer le mode Sport/Manuel de la boîte d’un côté et un autre bouton côté ESP. Un contrôle central des différents composants serait bien mieux.

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Peut mieux faire mais la A 45 AMG reste au delà de ce reproche d’ergonomie parfaitement vivable au quotidien une fois bien configurée. Ceci est d’autant plus vrai qu’elle sait également se montrer prévenante et ne pas trop consommer en usage quotidien. La douceur de la boîte double embrayage à 7 rapports en mode Normal est agréable et la réactivité de la pédale d’accélérateur est faible pour les premiers % d’appui. Autrement dit : la A 45 AMG peut être une voiture de ville et ne vous fera pas peur à la moindre accélération. De même, elle ne malmènera pas trop vos lombaires bien que la suspension ne soit pas pilotée, les ingénieurs d’AMG ayant trouvé un bon compromis de ce point de vue. Ce n’est pas un bout de bois et encore heureux !

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Mais trêve de papote, parlons technique justement. Boîte 7 à double embrayage et transmission 4MATIC. Il fallait bien ça car le bouilleur incrusté par AMG dans cette voiture a du cœur : 4 cylindres, 2 litres, un turbo et au final 360 chevaux ! Côté couple, il est limité à 450 Nm car justement la boîte aurait eu du mal à gérer plus. C’est d’ailleurs une de mes suppositions quant à la douceur de la pédale sur la première partie de la course accélérateur : ne pas tuer la boîte et l’embrayage ! Il fallait bien une transmission 4MATIC également car Classe A est une traction d’origine et il était hors de question de passer tout cela sur le seul train avant. L’intégrale permet donc de répartir le couple à hauteur de 50/50 maxi. Ne comptez donc pas sur cette A 45 AMG pour drifter ou survirer largement, ce n’est pas possible du fait de sa structure. En revanche, comptez sur elle pour faire la catapulte.

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Moteur. Le grondement est flatteur. Après quelques tours de roue pour faire monter la mécanique en température, on passe en mode Sport à l’ESP et en Manuel à la boîte, c’est parti pour le manège sur routes sinueuses et bosselées. Première, BRAP, seconde, BRAP, troisième, BRAP et ainsi de suite. A chaque claquement de rapport, l’échappement AMG lâche un claquement proprement jouissif qui vous colle un début de rire. Même combat au rétrogradage, pétarades et gloglotements en sus ! Cela m’a rappelé le V8 de la F-Type et je me dis qu’au final, le V8 de la Mercedes-AMG GT devrait être bien drôle à vivre. En parlant de moteur, celui de l’A 45 AMG s’avère plutôt linéaire par rapport à la vision que je m’en faisais. C’est un bouilleur avec du cœur, pas un pétard en revanche et il ne vous casse réellement le dos qu’en 2 et en 3. Après, ça continue de pousser sec et fort mais sans réelle côté explosif. Ils seraient presque sages, ces 360 chevaux !

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Attention toutefois, cette sensation est trompeuse car le bon amortissement, le fabuleux maintien des sièges et la bonne tenue du volant font qu’on se rend moins compte de la vitesse atteinte jusqu’au moment du prochain virage. Les vitesses atteintes sont en réalité assez folles et on se surprend à rentrer assez tôt dans les freins. Ils tiennent d’ailleurs bien la charge en mordent très fort ! 350 mm à l’avant, 330 à l’arrière, le système est dimensionné de manière généreuse et est doté d’un beau mordant et d’une bonne endurance. Pas de frayeur de ce côté-ci, ni du côté de la suspension.

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Les zones bosselées sont un régal à aborder avec cette voiture. Le tarage des ressorts fait que la voiture absorbe très bien les chocs sans perdre de sa directivité et sans pénaliser la lecture de la route par le conducteur et par le châssis. Le grip en latéral est par ailleurs bluffant, bien servi par les gommes Michelin ! Même combat côté motricité ! Ce que j’avais déjà remarqué au CERAM s’est par ailleurs confirmé ici. Loin d’être sage et lisse, le châssis de cette A 45 AMG est plutôt mobile, vivant et communicatif. Il se place, bouge et se décale lors des freinages ou lorsque l’on lâche les gaz. Dans ces conditions, il s’avère tout à fait sain et l’arrière aide l’avant à tourner dans les épingles, sans amorce de sous-virage. Cette AMG serait-elle drôle ?

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La réponse est oui ! J’avais en tête des voitures bonnes à brûler du pneu justement et avec cette Mercedes-Benz A 45 AMG, il n’en est rien. Si l’on excepte une boîte vraiment trop lente à mon goût (surtout au rétrogradage, vraiment pénalisant !), le reste de la voiture est un plaisir côté conduite sportive. Bonne suspension, train arrière gentiment baladeur, excellence couple volant/baquet, moteur patator et échappement pornographique, groooos grip en latéral et système de freinage rassurant, on a tout ce qu’il faut pour aller s’amuser sur petites routes. Vraiment, je ne m’attendais pas à avoir autant le sourire dans cette voiture et c’est une belle surprise.

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Alors, forcément, à force de se faire plaisir comme ça, on a tendance à oublier de faire gaffe à sa conso et on se retrouve avec un essai de 850 km et 14.6 L/100 de moyenne. Je suis officiellement pauvre mais je me marre encore au souvenir de mes courbatures des deux jours suivant l’essai. Bien calé dans ma coque, je ne m’étais pas rendu compte des vitesses atteintes et du travail de mes bras, de mon cou et de mes pectoraux. Un bon indicateur de la vitesse que peut atteindre cette voiture.

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Bon, en revanche, facturée environ 52K€ en base, ma Mercedes-Benz A 45 AMG était richement dotée pour atteindre la bagatelle de 72k€ ! C’est d’ailleurs l’occasion de préciser les options en question pour comprendre que ma voiture n’était pas comme les autres : peinture à 2.2k€, pack AMG à 3k€, pack aéro à 2.3k€, pack technologie à 2.6k€ ou encore vitesse maximale relevée à 270 km/h pour 2.3k€. Plus quelques autres petites choses (échappement, étriers peints, suspensions et trains AMG) pour atteindre donc les 20k€ d’options expliquant le look très particulier de cette version d’essai. Rassurez-vous toutefois : toutes ne sont pas obligatoires pour atteindre le niveau catapulte et finalement seules les options sus-citées (les petites) sont nécessaires pour optimiser une voiture déjà performante d’origine.

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Bilan pour cet essai de la Mercedes-Benz A 45 AMG ? Je me suis éclaté ! Mettez-lui une robe un chouïa moins voyante, un système d’infotainment revu et corrigé et disons, une boîte plus véloce et un turbo plus vilain et vous aurez la catapulte parfaite. En l’état actuel des choses, vous avez d’ores et déjà une catapulte capable de vous arracher un grand paquet de sourires au rythme des borborygmes de son échappement. Vivement le prochain essai AMG !

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