Essai – BMW 530d M Sport

Après la Série 7, c’est au tour de la Série 5, l’emblématique berline de la marque bavaroise, d’être renouvelée. J’en avais essayé l’une des versions les plus performances il y a déjà quelques temps (550d mon amour), je me retrouve aujourd’hui au volant de sa déclinaison la plus polyvalente à mes yeux : la BMW 530d. Toutefois, pour rajouter une dose de style et une belle once de dynamisme, j’ai opté pour une version M Sport avec quelques petites options sympathiques. Il me restait à voir sur les routes auvergnates si la synthèse était si parfaite que cela.

Avant toute évaluation dynamique, faisons un petit tour à l’extérieur. La BMW 530d évolue sensiblement mais reste tout à fait reconnaissable, marque cédant elle-aussi à la mode des homothéties. Le nouveau modèle se retrouve donc fort logiquement à la croisée des chemins entre le gabarit de l’ancienne Série 5 et des lignes de la nouvelle Série 7.

Le regard est ainsi plus acéré, la calandre plus marquée et cerclée de chrome. L’ensemble est plus dynamique et perçant, avec le renfort de la finition M Sport pour dynamiser l’ensemble autour des franches prises d’air centrale et latérales, la première intégrant aussi le radar de route. J’étais un peu dubitatif au début mais force m’est de constater que j’aime assez ce regard qui se fond dans la calandre, là où auparavant un jonc de carrosserie faisait le lien.

Les flancs, avec les belles roues de 20 pouces (! – une option à 2000€) chaussées en P Zero, ne sont pas en reste. Le petit écusson ///M vient se nicher sur l’aile, en amont des écopes passées au noir brillant destinées à refroidir les étriers spécifiques, peints en bleu. Les rétroviseurs sont en revanche un peu banals, je crois que j’attendais autre chose.

L’arrière se veut un peu plus consensuel et moins sportif. Si les hanches semblent un peu plus larges, la malle arrière, bien proportionnée et la double sortie d’échappement totalement intégrée au pare-chocs sont très convenus. La ligne, bien servie par les roues une fois de plus, reste dynamique et élégante. Je crois que bien que ce sont les deux qualificatifs qui lui conviennent le mieux, au final, dynamisme et élégance.

La grande ligne faisant le lien entre le rayon de fuite de la roue avant et le feu arrière sculpte admirablement les portières et l’aile arrière. Les feux en deux partie permettent de faire le lien entre les différents éléments de partie postérieure sans user et abuser du chrome, une rareté que l’on retrouve sur la face avant. Finalement, seule la calandre maison est cerclée de ce matériau quand le reste des lignes joue avec un équilibre de force et de fluidité.

Ainsi, si la BMW Série 7 me semblait quelque peu pataude et massive, la BMW 530d préserve une belle dose de dynamisme dans ses lignes, usant avec délicatesse des signes extérieurs de sportivité de sa finition M Sport. Voilà qui est de bon augure pour les versions plus dynamiques et même pour la future M5. Chapeau, avec une silhouette un rien animale et fuselée qui me plaît vraiment.

L’habitacle quant à lui est BMW jusqu’au bout des ongles. Oubliez donc les chromes et clinquants de Mercedes ou encore l’austérité technologique de Audi. Les bavarois font les choses différemment, parfois mieux et parfois moins bien, mais cela reste assez inimitable, le meilleur côtoyant les choix plus discutables.

Si la BMW 530d ne cède pas à la mode d’un Virtual Cocktpit, elle adopte des compteurs numériques épurés et splendides, regroupant l’essentiel des informations, se reposant pour le reste sur un système infotainment combinant écran tactile et molette agréable à l’ergonomie décidément irréprochable. Les mouvements sont évidents, les fonctions facilement accessibles et le menu a même évolué pour afficher des sous-menus de manière très modernes.

Bref, il est facile de configurer sa BMW 530d au même titre qu’il l’est de l’utiliser, sans tomber dans une interface peu évidente (Mercedes) ou dans le bond technologique (certes réussi, Audi). En revanche, certains détails de finition me choquent un peu.

Boutons noirs sans grand charme mais pas trop moches non plus sur cuir blanc de première qualité (option à 1700€), sièges sans chauffage ni massage, places arrière sans âme particulière et quelques autres. En revanche, les assemblages sont irréprochables, le niveau de finition général également. Il y a en revanche quelque chose de différent en terme de qualité perçue, comme si on était un peu en deçà des autres.

Je ne sais en revanche pas vraiment l’expliquer car après 1250 km à son bord (et un remarquable 7.3 L/100 de moyenne), force m’est de constater que tout tombe parfaitement sous la main, tout est ergonomique et bien pensé et bien fait, on se sent bien dans ces sièges confortables et aérés dont on peut régler le maintien latéral électriquement.

La connectique est multiple, l’appairage avec le smartphone et l’intégration de Spotify aisés, le volant est parfait sous la paume même si ses touches manquent nettement de finesse. Les comodos ? Bien faits. La reconnaissance gestuelle ? Bien mais je ne l’ai finalement pas ou très peu utilisée.

C’est comme si la BMW 530d faisant tout pour être parfaite (avec un succès très certain) mais passait à côté du coche. Suis-je trop habitué à d’autres ? Il y a quelque chose qui me chiffonne et pourtant, je me sens si bien à son bord, si connecté et « à la maison », avec une somme d’options limitées (le pack Innovation – stationnement, affichage tête haute, etc. à 1500€ et le pilote automatique et fonctions associées un peu plus – trop ? – cher à 2800€).

Si vous avez une idée, je suis preneur car je l’ai rendue en sachant pertinemment que je la regrettais terriblement mais en sachant aussi qu’elle n’était pas exempte de tout défaut.

C’est étonnant, n’est-ce pas ? Une sorte de paix à bord, avec la certitude que certains détails ne sont pas tout à fait au niveau mais une autre certitude qui domine, celle que tout est vraiment à sa place. Faudrait-il choisir un habitacle un tout petit peu plus sombre pour masquer un brin le noir de certains éléments ? C’est étonnant, je le redis.

Je crois que le bon sentiment, c’est que je me suis senti un peu comme dans une Volvo dans cette BMW 530d, mais avec un contenu technologique au dessus, comme une sorte de synthèse et peut-être le meilleur des compliments entre ce savoir vivre et faire suédois que j’aime tellement et une maîtrise germanique qui peut parfois confiner à l’ennui. BMW reste BMW, en quelque sorte.

Ce savoir-faire, on le retrouve à la pression du bouton de démarrage. Là où nombreux sont les modèles à avoir cédé au downsizing, la BMW 530d reste fidèle au six cylindres maison, cubant 3.0L et développant une coquette puissance de 265 ch à 4000 tr/min mais surtout un couple de 620 Nm à 2000 tr/min. Voilà qui vous délimite parfaitement la plage idéale pour oublier une grande partie des véhicules qui roulent.

Le moteur se montre d’une discrétion presque absolue en ville et sur autoroute, ainsi que sur les routes sinueuses de l’Auvergne ! Le léger ronflement qui se fait entendre à la mise en route devient grondement jusque 4000 tr/min gentiment passés. Cela m’a rappelé la sonorité du 50d, avec un zeste de rage en moins et une nature qui se trahit au delà de 4500 tr/min. La BMW 530d montre alors ses « limites » de diesel, n’offrant que les tonalités métalliques claquantes du diesel.

Une critique ? Pas vraiment à dire vrai car il n’est absolument nécessaire voire inopportun de pousser un moteur mazout au delà de sa plage de couple. C’est tout à fait vrai pour ce six cylindres qui se montre pousseur et pêchu de 1000 à 4200 tr/min. Les mises en vitesses, reprises et accélérations sont très largement convaincantes, effaçant à merveille les 1700 kg à vide de l’auto.

Tout cela est bien bon en ligne droite et en mode Confort, sur l’autoroute, alors que défilent en bon ordre les kilomètres et l’absence de fatigue, surtout dans les bouchons du retour, en conduite semi-autonome de 0 à plein de km/h. Les P Zero en 20 » ne dégradent pour ainsi dire pas la qualité de l’amortissement, ne se montrant que raisonnablement raides sur les joints des ponts ou les nids de poule gentiment masqués et vus au dernier moment.

En clair : la BMW 530d est absolument royale sur autoroute, usant de ses aides pour peu qu’on le souhaite, se montrant onctueuse et capable à la fois, seulement desservie par une direction quelque peu mollassonne en son point milieu et étonnamment floue pour une version propulsion vs. un xDrive que l’on aurait volontiers pardonné de pénaliser le toucher de route.

La boîte 8 ? Rien à dire. Douce, progressive, intelligente dans son adaptation aux impulsions du conducteur, que l’on soit en mode automatique ou manuel. Si vous aviez des doutes, effacez les, la BMW 530d est faite pour aligner les kilomètres à belle vitesse sur autoroute et grandes routes sinueuses et elle le fait admirablement.

M Sport, disais-je ? Qu’en est-il dans tout ça ? Les 620 Nm savent-ils faire autre chose que transporter la famille d’un point A à un point B ? La boîte 8 sait-elle claquer gentiment ses rapports et la direction retrouvera-t-elle le toucher de route d’une propulsion BMW ? Allez, mode Sport, boîte en S d’abord et en Manuel ensuite pour un peu plus de compromis et d’adaptation du rythme.

La suspension se durcit sensiblement. La direction devient également plus directe, précise, jouissive presque. Le train avant est perceptible dans le volant, bien servi par ses gommes mais également pas la correction active du roulis. Cette option, facturée quelques k€, est un réel plus sur les petites routes sinueuses de l’Auvergne. La BMW 530d vire à plat comme dirait l’autre, ondulant d’une corde à l’autre.

La boîte se montre plus incisive sans être trop mordante, le moteur ronronne un brin plus et le mode manuel permet d’éviter les montées en régime disgracieuses à l’oreille pour ne travailler sur le couple dantesque disponible sur une plage large et généreuse. Les relances sur les cols et routes entourant le Mont-Dore sont une formalité, absorbées dans un ronflement plutôt savoureux à défaut d’être mélodieux.

On dirait bien que je suis en train de prendre mon pied au volant d’un gros diesel. Oui, pas uniquement pour le moteur, polyvalent et puissant en diable. Non, le comportement dynamique et l’engagement conducteur au volant de cette BMW 530d ne sont pas de vains mots.

La voiture s’inscrit généreusement en courbe, offre un grip latéral qui justifie à lui seul le réglage du maintien des sièges orientés confort, autorise de jolis placements du train arrière et se permet même des transferts de charge assez osés pour un véhicule de cette masse !

La technologie moderne associée au savoir-faire maison en terme de dynamique véhicule rend l’ensemble vraiment réussi, seulement limité par des freins qui voient rouge assez vite en cas d’utilisation vraiment soutenue. Ce n’est assurément pas l’objectif de cette auto et c’est pour cela aussi qu’il faut savoir raison garder.

Les kilomètres s’enchaînent et après cette première épiphanie au volant de la BMW 530d, l’envie d’en revivre une autre se fait sentir. L’ascension du col de la Croix Saint-Robert sera l’occasion de m’en remettre une dose, dans une montée enchaînant les belles courbes à moyenne vitesse et les changements de cap ambitieux et rapprochés.

La grande s’en sort bien, toujours pointue sur sa direction, généreuse dans ses relances et terriblement progressive dans ses légères dérives du train arrière. La motricité est toujours perceptible, tout comme l’adhérence du train avant. Si le train arrière ne se place pas forcément aux freins comme sur une Civic Type R, il n’hésite pas à aider l’inscription en courbe.

2-3-4, on oscille toujours entre ces rapports au gré des petits clongs ressentis ici et là. Ce n’est pas une boîte M-DKG, loin s’en faut, mais il y a aussi dans ces alternances de clics et de clacs une forme de vie qui n’est pas incompatible de la plus grande douceur quotidienne.

La BMW 530d est en fait une fantastique synthèse, une grande remise à niveau pour répondre à la remarquable Classe E et pour anticiper l’arrivée de la nouvelle A6. Prenez une grande berline un brin ostentatoire, rajoutez-lui une finition M Sport pour lui donner une allure convaincante aux yeux de l’amateur de dynamisme, mettez tout ce que vous avez de technologique dedans pour le quotidien et la sécurité, dosez une bonne partie de votre savoir-faire sportif pour ses égarements montagnards et attendez…

Pof, la voilà. Roues massives, lignes tendues et museau animal, roues arrières motrices uniquement, boîte sachant tout faire et moteur mêlant fer et velours, le volant une fois calé en mode Sport n’aspire plus qu’à inscrire, sortir, inscrire et sortir encore des courbes qui s’offrent à vous sur les splendides paysages d’Auvergne. Que demande le peuple ? De quoi s’offrir cette petite merveille plus facilement, pardi !

Bref, je pense être assez clair : la BMW 530d est une indubitable réussite et une réponse très sérieuse d’une marque que les autres n’hésitent pas à attaquer sur ses qualités historiques. C’est bien sûr un couteau suisse comme on l’attend, bardé de technologie, imparfait parfois sur son habitacle tout en sachant créer une véritable sensation de cocon familier et accueillant là où tant d’autres échouent.

Mais c’est aussi une machine capable de vous coller un gros sourire en courbe, de vous sortir un rire sur un pif-paf abordé à une vitesse tout sauf légale et d’endormir amis et famille sur un long trajet d’autoroute avec un air de méchante qui tendrait à libérer la file de gauche tout aussi vite que certaines berlines bodybuildées et supercars.

Si beaucoup ne jurent que par Mercedes et Audi depuis la réinvention du premier et la confirmation du second, il ne faut pas non plus oublier que BMW offre une position singulière dans le monde du premium allemand, alliant technologies de pointe et un sens véritable de l’engagement du conducteur sans qu’il soit nécessaire d’opter pour les versions les plus performantes et extrêmes de sa gamme.

La BMW 530d, c’est une sorte de piqûre de rappel de la marque, un gros cœur de gamme facturé 66k€ (77k€ avec les options pour mon modèle) et une démonstration du savoir faire maison. Si la Série 7 est une jolie reine dans sa catégorie sans venir jouer dans cette cour dynamique et si l’actuelle Série 3 a été beaucoup décriée sur ce dernier point en particulier, la nouvelle Série 5 semble prendre le bon cap et il ne reste plus qu’à espérer qu’elle donne le même à celles à venir.