Essai – Audi TT 2.0 TFSI quattro mkIII

L’Audi TT et moi n’avons jamais été grands amis, du moins pour ce qui est de la seconde génération du coupé allemand. Autant j’ai toujours regardé le premier TT avec beaucoup d’affection, sûrement parce que ses lignes si perturbantes à son arrivée sont devenues iconiques et ont remarquablement bien vieilli. Autant il faut dire que le plaisir de conduite n’était pas vraiment au rendez-vous avec la deuxième mouture, ceci en grande partie du à un train avant quelque peu dépassé et une grande neutralité un brin chiante à vivre, y compris côté TT RS ! La troisième génération avait donc fort à faire pour me convaincre mais mes récents essais des S3 et surtout de S1 m’ont redonné foi en Audi. Aussi me suis-je mis au volant d’une version 2.0 TFSI quattro S-Line pour me faire un nouvel avis sur l’emblématique coupé.

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On commence les lignes extérieures pour constater qu’Audi a su rendre hommage à l’initiateur du mythe tout en introduisant ses plus récents codes dans la face avant. Les feux arrière, les ailes légèrement élargies, le bouchon de réservoir ou encore le profil tout en rondeurs, tout cela rappelle fortement le MkI et n’est pas pour me déplaire. Du côté de la face avant, Audi a joué la carte d’une certaine agressivité, notamment avec le pack S-Line qui acère les traits du TT avec une calandre singleframe bien marquée et surlignée d’un fin trait de chrome mais surtout des ouïes béantes de part et d’autre.

Les quatre anneaux prennent position au centre du nez et on découvre de nouveaux feux de toute beauté surlignés par les traits du capot. On note également les jupes élargies par le pack S, dotées sur mon modèle de petits autocollants quattro optionnels et plutôt jolis. Côté options également, les roues de 20 pouces étaient de sortie avec une monte Yokohama et le design de ces roues est simplement à pleurer, pour plusieurs raisons. D’une, elles sont belles. De deux, elles aiment beaucoup les trottoirs et il faut faire particulièrement attention avec elles ! (pas de bobo à signaler, je précise)

Il résulte quoiqu’il en soit de ce mélange de rondeur et de traits de serpe un bel équilibre en terme de design et le TT reste ainsi fidèle à la gamme Audi tout en ayant une identité propre qui l’a toujours placé en marge et garantit sa singularité. Un exercice réussi pour ce MkIII qui abandonne cette forme de consensualité qui caractérisait le MkII et vient jouer la carte de la filiation avec le Mk I avec succès. Un beau succès d’estime aussi du côté des passants, très sensibles et souriants vis à vis de cette voiture. Une première en ce qui me concerne pour un essai Audi.

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On continue le tour du propriétaire à l’intérieur. J’ouvre la portière à la longueur interminable et ma bouche s’ouvre toute seule. L’intérieur est splendide. Parfait. Sièges gris siglés S de toute beauté, plastiques et cuirs de qualité irréprochable, volant S line à la jante et au méplat parfaits, Virtual Cockpit et nouvelles ouïes d’aération, console centrale épurée et tunnel de transmission bien fait. Il y a beaucoup de nouveautés dans ce TT qui marque indubitablement un nouveau saut en terme de qualité et de vie à bord par rapport aux autres modèles du constructeur. Audi a repensé tout le rapport automobile / conducteur et cela se voit.

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Rentrons un peu dans le détail parce qu’il le faut. Trop de choses qui changent ici pour ne pas en parler ! Je parlais donc des sièges (avec motorisation complète optionnelle) : splendides, offrant un très bon maintien et aux courbes élancées, il n’y a strictement rien à jeter. Le volant reprend les classiques Audi S / RS et il en va de même avec des surpiqûres bien faites et la bonne taille pour une excellente prise en main. Allez, un peu d’alcantara et ça aurait été absolument parfait ! Pour ce qui est du pédalier, rien à signaler non plus. Non, ce qui change vraiment, c’est évidemment le Virtual Cockpit et ses conséquences. Audi a regroupé toutes les commandes et informations dans un seul écran, celui situé derrière le volant. Il en résulte une console centrale épurée et dénuée de beaucoup de boutons. On retrouve simplement les ouïes d’aération, elles aussi compactées. Un petit actionneur situé en dessous permet d’ouvrir le flux, la bague extérieure sert quant à elle à orienter le flux et enfin la bague centrale affiche certaines informations tout en étant cliquable et réglable (température, mode, etc.). C’est intelligent et pratique au quotidien, un vrai bon point puisque la simplification est ici réussie et pragmatique. Même combat pour la rangée de boutons en dessous qui touche au minimalisme : Driving Select, déploiement de l’aileron (bien pour les photos… sinon il se déploie tout seul à 120 et se replie à 80), ESP, warnings, capteurs de parking et start/stop.

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Le combat est le même du côté du tunnel de transmission avec une trappe qui cache deux ports USB et une zone à induction antidérapante où l’on peut poser son téléphone qui verra alors son antenne coupée (4kW) pour être rebasculée sur celle de la voiture (8kW). Devant, le bouton de démarrage et un rappel de commande musicale pour le passager. On récupère ensuite au choix la boîte méca ou automatique mais surtout le pavé tactile et cliquable Audi entouré de ses boutons principaux. Il s’agit véritablement d’un rappel puisqu’en réalité, on peut quasiment s’en passer une fois le Virtual Cockpit configuré aux petits oignons.

C’est tout ? Oui, c’est tout. Le passager est un passager et son espace est dénué de boutons. Tout se passe autour du volant et de ses commandes. Si l’on retrouve les comodos habituels (plutôt bien faits et de bonne facture), les palettes de passage de rapport en plastique choquent un peu avec un toucher très perfectible et plastique par rapport au reste de l’habitacle. C’est à dire vrai la seule déception réelle face à cet habitacle. Enfin bref : le Virtual Cockpit. Il se pilote en partie avec la mollette centrale, en partie avec les commandes au volant situées du côté gauche. Un petit menu à gauche. Un petit menu à droite. Une mollette cliquable au centre.

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C’est aussi simple que ça et vous le voyez bien sur la photo pile au dessus. Les deux flèches servent à naviguer entre les 4 sous-menus du VC et naviguer entre infos véhicule, média, téléphone et carte. La touche VIEW permet d’afficher les compteurs en plus ou moins grand. La mollette est la mollette et enfin les petites parenthèses que vous apercevez sont celles des menus gauche/droite visibles à l’écran. Le pavé tactile ne sert finalement que pour le tactile, grosso modo et à choisir ce que l’on veut afficher dans chacun de ces 4 menus principaux. C’est clair ? J’espère, parce qu’en réalité ça l’est vraiment et une fois pris en main, on ne peut définitivement plus s’en passer. Je n’avais pour être tout à fait honnête pas du tout regardé ce qu’était ce Virtual Cockpit et je m’en foutais un peu, aussi pour être honnête.

Maintenant que je l’ai découvert et que j’ai essayé d’autres voitures depuis, je dois bien avouer qu’Audi a foutu un énoooorme coup de pied dans le monde des systèmes embarqués avec ce choix. On hésite, on essaie et finalement on adopte pour ne plus vouloir en revenir avec en gain supplémentaire un habitacle épuré. Banco. Je vous colle ci-dessous une galerie d’images et ne vais pas rentrer plus dans les détails mais vous aurez un aperçu pour chacun des 4 écrans des différents affichages et réglages possibles. J’espère que c’est complet, en tout cas ça devrait l’être et ça vous donnera une idée de ce que j’affichais et de ce dont je me servais au quotidien pendant cet essai.

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Je termine cette revue intérieure par une petite mention aux places arrières, totalement inutiles ou presque et au coffre, plutôt généreux voire très généreux puisque les sièges arrière sont justement rabattables ! De quoi partir un bon moment en vacances, à deux. PAR-FAIT. Plus sérieusement, je crois bien qu’Audi frise le sans-fautes absolu avec l’habitacle de ce nouveau TT. Si l’on excepte les palettes de la boîte qui auraient mérité un matériau noble, il n’y a strictement rien à jeter : matières, assemblages, finitions, système Virtual Cockpit, c’est du caviar pour ce type de véhicule et pour cette gamme de prix. Chapeau bas aux ingénieurs d’Audi qui ont donc su réinventer en partie leur habitacle et assumer une nouvelle position : driver oriented. Ah, en revanche, un petit truc software à corriger : le branchement USB de l’iPhone prend la main sur la connexion Bluetooth et perturbe Spotify en lançant Musique à la place. Très très très chiant puisqu’on ne peut par conséquent par recharger son iPhone et écouter Spotify en même temps… La bonne nouvelle, c’est que c’est du soft, justement.

Bon. Cet article est long comme la Bible et je n’ai même pas encore commencé à vous parler de mes sensations de conduite. Il est plus que temps de s’y mettre ! Moteur. Le 2.0 TFSI de 230 chevaux s’ébroue et libère une jolie sonorité. Audi a une fois encore travaillé son échappement pour le rendre sympathique au possible et variable en fonction du mode de conduite choisi. En Dynamic, il gronde avec satisfaction et lâche de beaux claquements aux montées de rapports. Déception en revanche au rétrogradage où la marque n’a pas poussé le vice jusqu’au bout et livre de classiques descentes de régime ! C’est qu’on s’habituerait aux pétarades, finalement. Ce moteur est par ailleurs celui qui équipe la S1. Il en conserve le côté pétard un brin énervé et assure de sacrées mises en vitesse. Le TT est bien évidemment plus lourd et il ne faut donc pas attendre exactement le même dynamisme mais ces 230 poneys sont bien suffisants pour avoir un franc sourire en travers de la trogne.

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Du côté des suspensions, on peut rouler en toute tranquillité au quotidien avec cette voiture, sans se faire mal au dos. Ceci est également valable avec les roues de 20 pouces qui ne dégradent étonnamment pas tant que ça le confort global. Alors, certes, ça tape un peu parfois mais c’est très raisonnable. Au même titre que la S1, le nouveau TT sait donc se montrer utilisable au quotidien et montre une réelle efficacité sur routes bosselées et dégradées. Le multibras est également là pour assurer un comportement au top puisque TT reprend le typage « rigolo » de la petite GTI de la marque : le train avant est inamovible et l’arrière se déhanche juste ce qu’il faut pour qu’on rigole ! Le quattro a été en effet recalé pour être joueur et communicatif. Alors certes, il n’y a que 230 chevaux et ce n’est pas non plus gigantesque sur le poids véhicule mais c’est suffisant pour placer un train arrière à hautes vitesses en courbe ou pour s’extraire avec le sourire des virages serrés en sentant bien l’arrière faire tourner l’avant. Où est passé le sous virage chronique de l’ancienne génération de TT / A3 ? Disparu. Et c’est tant mieux !

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Pour sous-virer avec cette voiture, il faut être totalement sale ou rater un gros freinage. C’est d’ailleurs ma seule critique d’un point de vue dynamique puisque pour ce qui est du châssis / direction / suspension, je n’ai vraiment rien à dire si ce n’est réitérer mes compliments déjà faits pour S1 : Audi est de nouveau sur la bonne voie et je ne devrai plus jamais m’emmerder au volant de leurs voitures. En revanche, je me pose quelques questions sur le freinage. Je n’ai pas senti une efficacité diabolique de ce côté là avec un mordant un peu fade et surtout quelques décélérations difficiles une fois le système en température. Serait-ce mieux avec les roues standard ? Mes patins étaient-ils déjà un brin rincés ? Je ne sais pas mais il faut pondérer aussi un peu en me disant que le TT « standard » n’est pas non plus une voiture destinée au circuit mais bien au « TT ». Autrement dit, en conduite sportive, il ne devrait pas y avoir de souci mais je crois que je conseillerais toutefois de rester sur les roues standard, quand bien même celles-ci sont splendides.

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Du côté de la boîte, on retrouve l’habituel très bon travail du groupe VAG avec une boîte à double embrayage impossible à prendre en défaut ou presque. Montées et descentes de rapports rapides, douceur en conduite de tous les jours, claquements sympathiques en mode dynamique. Même combat pour la direction, bien assistée en mode confort et dotée d’un bon toucher de route pour le reste, grâce aussi au nouveau train avant. Diantre. Y a-t-il des défauts si l’on excepte un freinage manquant d’un petit quelque chose ? A dire vrai, je ne trouve pas mais ça paraît presque comme normal puisque ce nouveau TT S line est tout de même facturé 49k€ en prix de base (avec 8k€ d’options en sus pour ce modèle d’essai).

Ce sera la conclusion de cet article et de cet essai de quelques 450 km (et 12.3 L/100 de moyenne – correct). Ce nouvel Audi TT symbolise une certaine forme de maturité de la marque, au même titre que l’Audi S1. Il y a une forme d’ironie ici puisque c’est par le bas qu’arrive la révolution chez la marque premium jusqu’au bout des orteils ! Après deux décennies à se créer une image, la marque évolue en douceur mais en profondeur en écoutant certaines des critiques qui lui étaient faites. L’efficacité et la sécurité restent des maitres mots avec l’usage de quattro mais ce dernier évolue pour redonner plus de sensations et de sourires à ses utilisateurs. L’ultra technologie se simplifie en usage et en apparence mais pas en fonction, cherchant là-aussi à gâter et valoriser le conducteur et par conséquent l’acheteur. Quant à la qualité, elle est bien sûr toujours là. Pas de doute possible pour moi : les futures RS ne devraient plus être boooooring et ceci, combiné à la nécessaire refonte du design aperçue sur Prologue, va totalement dans le bon sens du plaisir automobile.

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