Essai – Audi S3 Sportback

Il y a des essais où l’on se dit « omnomnom » avant même d’avoir commencé et celui de la nouvelle Audi S3 Sportback en faisait partie ! Pourquoi ? 3 éléments de réponse : l’ancienne Audi RS3 m’avait à la fois conquis et déçu sur certains points, l’Audi A3 que j’avais pu essayer auparavant m’avait semblé très saine et enfin la S3 très rapidement prise en main au Mans lors des quattro days m’avait laissé un goût de reviens-y ! Je me suis donc rué à l’intérieur de cette S3 et ai foncé en Normandie, sur mon terrain favori !

Passons rapidement l’extérieur de cette Audi S3 en revue. Si la ligne reste globalement sobre par rapport au modèle standard, l’utilisation de la carrosserie Sportback et l’ajout de la finition « S » renforce le côté dynamique des lignes. La calandre se fait plus large et se cercle de chrome, des moustaches de chrome apparaissent également au milieu des ouïes qui jouxtent la single frame badgée S3. Les rétroviseurs et barres de toit se couvrent également de chrome et les bas de caisse sont retravaillés. Les arches de roues avant sont élargies mais j’ai trouvé l’exercice un brin timide. Les roues sont en revanche bien spécifiques et se transforment en splendides aimants à trottoir ! La lèvre du pneu ne protège pas l’aluminium et il faut donc rester très prudent.

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L’arrière est également marqué par la griffe S. Les arches sont également élargies, un soupçon plus généreusement que sur l’avant mais la modification la plus notable est le diffuseur ceinturé de chrome et la quadruple (oui oui) sortie d’échappement ! N’oublions pas non plus le petit becquet qui vient parachever le caractère sportif extérieur de cette S3.

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Passons à l’intérieur maintenant ! On retrouve instantanément l’univers déjà découvert dans l’A3. Les modifications sont donc de nature mineure, servant uniquement l’aspect sportif de la voiture. Au menu par conséquent : des compteurs spécifiques (gradué jusque 300…), des seuils de porte, des baquets bien enveloppants marqués du S3, un volant typé sportif et doté un méplat généreux (merci Audi pour l’attention !) et enfin un pommeau de vitesse également cerclé de rouge et signé du S. L’ensemble est harmonieux et comme d’habitude chez la marque : très bien fini. On cherche les défauts de matériaux, d’assemblages, sans trop de succès.

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Le système d’infotainment est piloté par le touch pad situé entre les deux sièges. On peut y dessiner des lettres et chiffres et ce petit écran tactile est intégré dans une molette qui pilote une bonne partie du système. Le reste se fait avec les boutons qui l’entourent, chacun activant les fonctions des quatre coins de l’écran. C’est à la fois bien fait et instinctif et à la fois un peu laborieux par rapport à un écran totalement tactile. Mon sentiment est donc un peu partagé entre le bien fondé de ce système et le côté un peu fastidieux de la navigation, renforcé par le petit bouton de volume à droite du levier de vitesse : on ne sait jamais trop ce qu’il fout là.

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Vous l’apercevez sur les photos ci-dessus : c’est un levier de boîte mécanique. J’étais à l’origine parti pour essayer cette Audi S3 avec la boîte DSG mais la marque m’a proposé une version avec boîte mécanique. Allez savoir pourquoi mais j’étais persuadé que cela n’existait plus, une S ou RS avec un tel attirail manuel ! Boîte mécanique et système quattro, moteur quatre cylindres de 2.0L, 300 chevaux et 380 Nm de couple, il est plus que temps de passer aux choses sérieuses (et elles le furent, pendant ces 400 kilomètres ensemble – 11.8 L/100 de moyenne – raisonnable).

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Contact. L’échappement lâche un grondement rauque, sans trop en faire. C’est d’ailleurs ce qui le caractérisera pour la suite de cet essai : sonore, communicatif, agréable, mais pas non plus furieux. Un très bel équilibre en ce qui me concerne, permettant d’avoir à la fois du confort en roulage normal et un peu de musique en attaquant les enchaînements de virages ! Les premières lignes droites et virages s’enchaînent, je fais monter doucement les gros disques (étriers fixes 4 pistons à l’avant) en température et prend la mesure du châssis. Le système quattro semble faire office de manière très discrète. Je ne suis en réalité qu’à un dixième des possibilités de la bestiole.

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Je hausse le rythme, peu à peu, prenant mes aises. La direction se montre précise, efficace et bien dosée en terme de retour d’informations, gage d’une bonne mise en confiance vis à vis de la voiture. De même, les premiers freinages appuyés montrent une belle endurance et surtout un méchant mordant ! La pédale n’est néanmoins pas la meilleure que j’ai pu tester, un peu trop souple à mon goût. Rien de dramatique toutefois, je ne me suis jamais senti gêné au point de vraiment limiter mon rythme d’attaque.

Du côté de l’habitacle, je savoure l’utilisation du levier de vitesses, couplé à l’excellent embrayage. Ce dernier est activé par une pédale présentant un bel équilibre : à la fois précise et pointue sans être effroyable et dure à doser. La boîte ? Fantastique. Les verrouillages sont nets, les guidages précis, les débattements sont courts juste ce qu’il faut. J’ai tout bonnement adoré par rapport à la désormais standard DSG ! L’étagement n’est pas en reste et la mise en vitesse qui en découle est effrayante de simplicité. Les vitesses légales peuvent être pulvérisées en un clin d’œil sur circuit, c’est aussi simple que de claquer des doigts. Franchement, s’il y a bien une réelle surprise quant à cette nouvelle S3, c’est cette boîte manuelle !

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Direction / boîte / freins qui fonctionnent quasiment à merveille. Moteur gorgé de couple et 300 canassons qui ne demandent qu’à courir. Cette S3 a les dessous mécaniques d’une petite bombe mais en a-t-elle le châssis ? Comme je le disais précédemment, le système quattro fait son office de manière tout à fait transparente pour le conducteur. La chose ne devient sensible que lors d’une attaque plus généreuse, auquel cas on peut sentir le travail des différentiels, sans jamais se poser de questions. Épingle, roues braquées presque en butée, pleins gaz : le train arrière pivote, on débraque – léger contrebraque, toujours pleins gaz. La S3 s’arrache tel un boulet de canon. Même combat dans les enchaînements rapides. Là où le train du RS3 avait la fâcheuse tendance à vouloir tirer tout droit, celui de la S3 conserve une excellente motricité et directivité. C’était le principal défaut de la précédente génération de compactes sportives et j’ai eu la sensation que c’était bel et bien corrigé.

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On pourrait penser que le système quattro fait tout mais ce n’est pas le cas. Si l’ensemble des trains roulants n’était pas bon, cette transmission intégrale ne fonctionnerait pas vraiment bien. Ainsi, j’ai trouvé dans cette S3 un peu plus de « fun » qu’il n’y en avait auparavant. Les suspensions travaillent bien, le train arrière pivote légèrement, l’avant tracte, tracte, tracte et la voiture se tortille un peu sur les sections bosselées, se plaçant sur ses appuis au freinage et retranscrivant cela au volant. Est-ce ma perception qui a évolué et qui perçoit désormais cette voiture comme étant plus fun qu’avant ? Ou bien me suis-je trompé et est-elle un rail d’efficacité ? J’avoue que je ne suis pas 100% certain de ma conclusion et que la vérité se situe pile entre les deux. Plus fun qu’avant. Extrêmement efficace toutefois.

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J’ai rendu cette Audi S3 Sportback avec un peu de tristesse, m’y étant attaché tout en ayant maudit sa splendide robe bleue, si belle à l’œil mais si rude à capturer en photo ! Si je devais corriger quelques petites choses, ce serait éventuellement un toucher de pédale de frein plus sec et un échappement encore un peu plus communicatif. Pour le reste, elle a les défauts et les qualités intérieures et extérieures d’une Audi : bien finie, bien pensée, riche de détails mais très sobre et discrète néanmoins.

Il en va de même pour le caractère mécanique : efficace, très efficace, très très efficace. Je reste persuadé qu’il y a un peu plus de fun qu’avant. Est-ce la boîte mécanique et le train avant nettement plus sain ? Je crois bien que ce sont ces deux éléments qui ont fait que j’ai véritablement savouré mon essai.

Je suis un dinosaure qui aime passer ses rapports lui-même. La combinaison d’une voiture sportive, saine et efficace et d’une excellente boîte manuelle génère finalement cette once de plaisir tout à fait indispensable à l’appréciation d’une voiture que j’aurais peut-être trouvé bien plus fade autrement.