Essai – Audi S1

Dire que j’avais envie d’essayer l’Audi S1 est un euphémisme. Après avoir fantasmé sur son aïeule très limitée l’A1 quattro, après avoir lu beaucoup de critiques dithyrambiques la concernant, il me tardait vraiment de la prendre en main le temps d’un weekend, d’aller m’amuser avec sur de petites routes sinueuses et bosselées afin de me faire ma propre opinion. Il faut bien convenir d’une chose en faisant fi des avis lus ici ou là : le tableau de la S1 est alléchant. Quatre cylindres, 2.0L, turbo, 231 chevaux, transmission quattro et boîte méca à 6 rapports ; tout ceci étant casé dans un gabarit de mignonne petite puce citadine, l’A1.

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Le premier contact est forcément visuel et permet de mesurer le chemin de sportivité parcouru entre la base sage, citadine, huppée et cosy qu’est l’A1. La S1 en impose très nettement plus sans toutefois renier ses origines. Calandre traditionnelle des S surlignée de chrome, regard acéré parcouru de sortes d’éclairs, petit badge S1 distinctif – tel un pin’s – sur la calandre et enfin fausses prises d’air en nid d’abeille béantes bordées d’une ouverture – réelle celle-ci – chromée pour finir de composer une méchante petite gueule. Les flancs ne sont pas en reste et rappellent le travail effectué récemment sur l’Audi S3. Les roues sont mignonnes, se chaussant dans un presque raisonnable 18 pouces. Raisonnable. 18 pouces. Petite citadine. Bon, je n’ai rien dit : sur de belles roues remplissant bien les arches élargies !

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Les rétroviseurs se parent également de chrome, que l’on vient retrouver sur la quadruple sortie d’échappement et le bandeau qui surligne le diffuseur. L’arrière de la voiture n’a en effet pas été oublié avec cet échappement aguicheur et le diffuseur massif en leur centre. Le petit sigle S1 se retrouve sur le hayon de coffre surplombé d’un joli becquet. Ce hayon n’arborait pas sur mon modèle d’essai le bandeau noir piqué à l’A1 quattro. Ce bandeau, du plus bel effet, donne toutefois un look très show off à la voiture selon moi et j’ai plutôt apprécié la relative sobriété de cette version de la S1. Vous me direz, en jaune poussin, cela se voit que c’est une S1… Certes. J’ai un faible pour ce jaune et pour la silhouette 3 portes de la S1 et il me semblait inimaginable de l’essayer dans une autre couleur !

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Pour résumer : Audi a appliqué sur sa S1 les mêmes recettes que sur le reste de la gamme. Là où l’A1 quattro se voulait absolument singulière, cette S1 s’inscrit dans la continuité du travail accompli par la marque depuis plus de dix ans. Mêmes codes de design, mêmes recettes de chrome, de calandre single frame ou encore de signature visuelle distinctive. La nouveauté provient du fait que la marque aux anneaux s’est enfin décidée à doter sa plus petite bestiole de cette déclinaison sportive et qu’on se le dise : il était temps !

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Passons maintenant à l’intérieur. Je vais avoir du mal cette fois-ci à mesurer le chemin parcouru puisque je n’avais jamais eu l’occasion d’essayer une A1 avant ce weekend d’essai. Première évidence : l’habitacle est très fini, les matériaux sont de qualité et l’ensemble respire la belle automobile allemande. Je ne vous apprends rien : Audi sait faire des intérieurs de voiture et c’est également vrai pour l’A1 / S1. Jolie console centrale aux plastiques noir grisés simples mais qualitatifs, évents d’aération que l’on tourne pour ouvrir / fermer, commandes au volant surlignées de chrome, beau plastique moussé pour la planche de bord et portières irréprochables – y compris pour les commandes d’ouvrants ! Je cherche les défauts et n’en trouve que peu. On peut citer par exemple le flux d’air sortant des évents difficile à réguler / orienter car on oscille au final entre vent dans la gueule et filet d’air insignifiant. Pas confortable du tout. Autre petit détail un peu moche : le bouton de warning + start/stop au centre de la console et en plastique moche. Mais c’est bien tout car pour tout le reste des finitions, on frise le sans faute.

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On passe du côté des commandes avec un pédalier alu bien fichu et le traditionnel volant Audi S/RS doté d’un généreux méplat et dont je n’ai toujours pas à me plaindre, surtout avec sa petite touche programmable avec la fonction qui nous fait envie. Le pommeau de vitesse est également agréable et tombe bien en main, tout comme le bouton « drive select » qui permet de passer d’un mode à l’autre, ceci étant confirmé à l’écran.

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C’est d’ailleurs de ce côté-ci que le bât blesse un peu pour la S1 qui commence à souffrir de l’âge de sa base l’A1. Cette dernière n’a si je ne m’abuse pas été restylée et utilise encore les « anciennes » technologies Audi. L’ensemble reste richement doté mais manque de la simplicité d’usage des nouveaux systèmes. L’écran situé entre les compteurs affiche une résolution décevante et même s’il est pratique à l’usage, il déçoit par son aspect. De la même manière, l’écran central que l’on plie / replie manuellement, n’est pas exceptionnel. On le commande grâce à la mollette centrale de la console et on navigue tant bien que mal dans les différents menus grâce aux quatre touches qui l’entourent. Je n’ai jamais été un grand fan de cette façon de faire et cet essai de la S1 me l’a confirmé. Bref : au vu du tarif demandé pour la S1, on est en droit de demander un peu plus que ce système mais il faudra pour cela attendre une nouvelle A1 / S1 et se contenter de ce système, assez pratique mais pas transcendant ou sexy au quotidien. Enfin, dernier grief : les sièges ! S’ils offrent un maintien très correct et restent confortables, j’aurais vraiment aimé qu’ils soient encore plus enveloppants car on verra dans la suite que cette voiture est capable de vous bouger sévèrement dans vos habitudes ! Peut mieux faire, donc.

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Allez, moteur. De toute façon, je n’attends que ça ! Passons rapidement sur les modes « Efficiency » et « Auto » qui rendent la voiture très civilisée, utilisable au quotidien même sur routes bosselées. Cette S1 n’est pas un bout de bois sur roues et c’est une vraie bonne surprise. Vous pourrez envisager de l’utiliser tous les jours dans Paris sans avoir peur pour vos cervicales ni pour la consommation puisque j’ai réussi à tenir une moyenne de 11 L/100 sur mes 400 km parcourus. Quand on sait comment j’ai roulé : c’est très très bien, croyez moi. Mais bref : le « Sport », parce que c’est tout de même l’intérêt de cette voiture. Si l’échappement gronde gentiment au démarrage, à l’accélération et à l’extinction en modes normaux, il a tendance à crachoter un peu plus en Sport et cette sonorité est un régal ! Audi a bien travaillé sur les tonalités graves sans trop forcer le trait. Il en ressort l’impression d’un moteur très plein et grondeur, impression confirmée quand on presse la pédale à fond. Au delà de ce premier bon point auditif tant au quotidien qu’à l’attaque, le constat fait sur le bon travail côté suspensions en conduite quotidienne est également valable une fois que le rythme augmente. La voiture se place et lit très bien la route sans être particulièrement déséquilibrée. Le train arrière a une réelle mobilité en ESP On / Sport et tente parfois de s’échapper aux remises de gaz ou bien se place en légère dérive lors des placements et participe à la rotation en courbe. Joueuse ? Une Audi joueuse ? Cela y ressemble, ma foi !

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Je reviens en arrière pour parler moteur. Le fait d’avoir réussi à caler un 4 cylindres de 2.0L dans un si petit compartiment moteur est une belle prouesse technique, le fait de lui faire cracher 231 chevaux et surtout un couple de 370 Nm est encore mieux ! Ce moteur est un véritable petit bouilleur, bien volontaire et au caractère pétard et rageur. Première, seconde, troisième et quatrième : il crache et met la voiture en mouvement comme une catapulte. Surtout, il n’est pas que couple, s’avérant également communicatif et réactif à haut régime, toujours plaisant avec un moteur turbocompressé ! Ce n’est bien évidemment pas un atmo mais c’est le genre de turbo que j’apprécie. Il faut également signaler que le moteur est bien aidé car on se souviendra avec une certaine tristesse de la Polo R WRC, véritable catastrophe en trains roulants et transmissions. Ici, Audi a mis du caviar dans sa voiture et ne s’est pas contenté de placer un gros moulin sous le capot.

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Effectivement, c’est d’ailleurs bien indiqué dans l’habitacle, cette Audi S1 est « quattro ». C’est à dire qu’elle bénéficie d’une transmission intégrale multi-disques pilotée électroniquement et répartissant en permanence le couple entre les roues avant et arrière. Ce simple fait aide déjà bien la voiture à gérer le couple moteur, imposant. Cela ne serait néanmoins pas suffisant sans des suspensions de qualité et Audi a fait le choix de doter sa S1 d’un multi-bras à l’arrière là où l’A1 était auparavant dotée d’une traverse déformable. C’est une modification technique majeure, coûteuse, indispensable à l’utilisation du quattro de toute manière, à laquelle peu de constructeurs s’attèlent et on peut saluer la marque aux anneaux d’avoir joué le jeu jusqu’au bout en y mettant au passage la suspension pilotée Bilstein avec ses trois niveaux. C’est tout ce qui fait la différence entre une S1, une 208 GTi, une Clio RS ou n’importe quelle autre petite GTi développant 200 et quelques chevaux. Les autres sont certes efficaces mais la S1 est au dessus du lot en terme de ressenti du train arrière et de passage de vitesse en courbe. De plus, comme je le disais, les réglages de châssis et d’ESP font que son train arrière se balade et motrice parfois comme une petite propulsion, la rendant vraiment joueuse et agile. Pour la faire sous-virer, il faut simplement mal conduire, cela n’arrive pas tout seul comme avec l’ancienne RS3 par exemple !

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Côté boîte, j’ai adoré manier ce levier ! Les verrouillages sont francs, les débattements convenables et l’étagement est bon. Le simple fait que la voiture ne soit disponible qu’en boîte méca est pour moi un gage de plaisir et cette boîte est un bon compromis pour tous les jours, s’avérant plaisante en ville et efficace sur petites routes. Il n’empêche, ce n’est pas la meilleure boîte méca que je connaisse et j’aurais aimé des débattements plus courts et un guidage un peu plus sec, pour pousser le vice un peu plus loin. Ce n’est pas quelque chose de rédhibitoire ceci-dit mais le reste des composants de la S1 étant excellent, on est en droit d’attendre la même excellence côté guidage de boîte.

Côté direction, l’Audi S1 abandonne la direction hydraulique au profit d’une direction électrique, avec un gain de poids conséquent et de bonnes sensations au final : pas de remontées de couple, un bon toucher de route et un côté incisif bien servi par le train avant.

Côté freins, l’absence d’étriers fixes à l’avant n’est pas un problème en usage normal / avancé sur route mais j’ai quelques doutes en revanches pour ce qui est d’utiliser les quelques 1400 kg de la bestiole sur circuit ou même en descentes montagnardes. Soit dit en passant, quitte à revoir la suspension et peut-être les pivots de l’A1, il n’aurait peut-être pas été déconnant de mettre de jolis étriers fixes sur les disques de 310 mm (plus gros que sur une A1, bien sûr) afin de gagner un peu de mordant et d’endurance thermique, quitte à perdre peut-être un peu en polyvalence au quotidien. L’ensemble pédalier / freins reste néanmoins très bon et ne m’a jamais pris en traître bien que cette voiture soit un véritable pousse au crime !

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En clair et pour résumer : cette Audi S1 est peut-être bien LA petite sportive à posséder. Caractérielle, ultra efficace, joueuse, dotée d’un splendide agrément moteur / châssis, utilisable au quotidien grâce à une boîte et des freins que j’aurais aimés un rien plus exclusifs, bien fichue à l’intérieur malgré quelques défauts, c’est une synthèse presque parfaite mais surtout : elle est drôle à conduire ! Je n’ai jamais dit ça d’une Audi, je crois bien. S3 était amusante déjà parce qu’en boîte méca et et allait globalement dans le bon sens – celui du fun. RS6 m’avait en revanche ennuyé pendant le temps passé à son bord. Cette S1 en revanche m’a collé un sacré paquet de sourires sur le visage !

Elle est affichée à 33k€ en prix de base pour la version 3 portes, c’est un peu cher effectivement mais elle est bien équipée d’origine. J’ai donc tendance à adopter la phrase lue en réponse sur Twitter quand j’ai posté quelques photos de mon essai : c’est une Audi qui vaut vraiment son prix, ce à quoi je rajouterais que c’est effectivement vrai de part ses choix techniques et son positionnement fun et sportif assumé. Libre à vous ensuite d’y rajouter un pack quattro ou les traditionnelles options qu’affectionnent tant les constructeurs allemands, à raison, mais vous aurez dans tous les cas une petite voiture fun, polyvalente et bourrée de caractère pour une voiture moderne !

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