Essai – Audi RS3 Sportback

Il y a maintenant un peu plus de deux ans, je disais « adieu » à l’Audi RS3 Sportback ancienne génération. Cet essai, bien que satisfaisant, avait aussi montré les limites d’un châssis vieillissant avec une méchante et désagréable tendance au sous-virage. Depuis, la nouvelle A3 est devenue Audi S3 et dans une suite logique, elle a également mué en RS3 de nouvelle génération. La marque aux anneaux n’y est pas allé avec le dos de la cuiller pour transfigurer sa compacte et en faire une réponse aboutie à celle qui se balade pour le moment seule sur le segment : la A 45 AMG. Bien sûr, les Ford Focus RS MkIII et BMW M2 arrivent mais Audi a dégainé en premier avec un look pour le moins sauvage !

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C’est un peu comme sur l’Audi RS6 : on sait qu’on fait face à une Audi RS pour plein de raisons… La calandre single frame s’élargit et se transforme en bouche géante surlignée de chrome, des ailettes viennent également compléter les prises d’air gigantesques, ce qui finit de donner à la face avant de cette Audi RS3 Sportback une gueule vraiment méchante. Il n’en faut à dire pas beaucoup plus, en sus du blason RS3, pour convaincre n’importe quel observateur que l’on fait face à une pompe à feu.

Pour les flancs, c’est du reconduit de S3 mais avec des ailes encore élargies si je ne m’abuse et de très belles roues en aluminium coulé, finition titane mat. L’arrière ? On prend la recette de l’avant et les codes de la marque : double sortie ovale surlignée de chrome, diffuseur plus massif, aileron intégré un peu plus marqué et le blason, toujours le blason. Une RS, c’est donc bien une S mais avec moins de sorties d’échappement et encore plus de violence dans le regard et la bouche.

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L’intérieur, s’il vieillit en même temps que la base Audi A3, reste d’excellente facture. On n’en attend évidemment pas moins d’une voiture dont ce n’est pas la vocation mais qui est facturée 57k€ en prix de base. Les excellents assemblages (on pourra dire ce que l’on veut sur VAG et sur Audi… ils savent faire, point) côtoient de belles matière et seul l’écran et sa résolution trahissent vraiment l’âge de la voiture d’origine. Le pavé tactile, rotatif et cliquable n’a quant à lui pas vieilli, au contraire du plastique de la planche de bord qui semble assez commun face aux sublimes sièges (en option, 900€) qui équipent l’Audi RS3 Sportback.

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Les sièges, donc : splendides, chauffants, manuels. Manuels ? Oui… J’avoue que ce dernier point me laisse perplexe au vu du tarif pratiqué, quand bien même j’arrive encore à actionner à titre personnel les quelques leviers concernés pour bien me régler dans l’auto. C’est dommage mais ça ne retire rien au fait qu’ils soient splendides et offrent un maintien très satisfaisant que j’aurais toutefois souhaité un peu plus enveloppant pour cette option « Sport » facturée 900€.

Le volant est également spécifique et reprend les touches traditionnelles vues chez Audi, en sus des palettes et du régulateur adaptatif que j’avoue ne pas avoir activé une seule fois ! Le volant est doté d’un généreux et bienvenu méplat et il intègre aussi un mélange de cuir et d’alcantara. Cette dernière matière se retrouve en haut et en bas de la jante et ma question est la suivante : POURQUOI ? Pourquoi mettre la matière dotée du meilleur grip / feeling à l’endroit où on met le moins souvent les mains ? (rappel : la position des mains, c’est 9h15 et le moins souvent possible ailleurs). Incompréhensible, d’autant plus incompréhensible qu’on est sur une Audi RS.

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Dernier point avec les compteurs et l’écran qui, comme je le disais plus haut, trahissent l’âge de l’Audi A3. Résolution pas exceptionnelle, fonctions basiques au rendez-vous en revanche et bonne praticité, sauf pour ce qui est de l’écran au centre des compteurs qu’on a tendance à laisser en affichage vitesse plutôt qu’autre chose. On note enfin les belles baguettes en aluminium à côté des touches d’activation de l’écran, de désactivation de l’ESP et du Drive Select.

Passons maintenant du côté de la pompe à feu car c’est bien ça qui nous intéresse ! Audi reconduit tout en le remettant au goût du jour un bloc mythique : le cinq cylindres 2.5 TSI. Il développe pour l’occasion un minimum de 367 chevaux et 465 Nm de couple ! 367 chevaux. 465 Nm de couple. Dans une A3 qui pèse un gros 1600 kg mais qui surtout dispose d’un empâtement réduit à 2,60 m… Agilité bonjour, transmission quattro bonjour également et surtout une boîte S-tronic 7 aux petits oignons. Le 0-100 est annoncé pour 4.3 secondes. Là-aussi, on flirte avec des performances tout à fait indécentes pour une voiture de cette taille ! Autrement dit, sur le papier, cette Audi RS3 Sportback envoie du poney à la centaine.

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A l’allumage, pour peu que l’on soit en mode Dynamic, tout le monde saura que vous êtes réveillés. Le niveau sonore au démarrage et plus généralement au ralenti / en première est du niveau d’un V8 italien ou américain, voire supérieur ! C’est à la fois amusant, un brin jouissif et totalement gênant voire générateur de vraies nuisances sonores. Audi, avec l’option échappement Sport RS (1030€ tout de même) pousse le bouchon un peu trop loin avec une sonorité digne d’un mauvais tuning des régions stigmatisées pour ledit mauvais tuning. En pleine charge, en revanche, pas de problème : ça grogne, on entend l’aspiration du turbo, les rapports passent dans un brap du tonnerre et ça pétarade au rétrogradage quand on s’y prend bien : une sportive qui communique et qui signale au monde qu’elle est en train d’arracher de la gomme et du bitume. Mais pitié, arrêtons avec les artefacts sonores qui sortent bien trop de dB sans même que le moulin soit en charge, au ralenti : c’est absolument ridicule.

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Je parlais de pleine charge et donc allons-y : ce moteur est bien une pompe à feu ! Pas si linéaire que ça, il déborde de puissance et de couple et se permet de rager très fort une fois les 5000 tr/min passés. On peut donc tout à fait l’exploiter sur l’ensemble de la courbe de régime et égrainer les rapports avec très peu de rupture de charge. Autant vous dire que la mise en vitesse est stupide, absolument stupide ! 130 ? Facile. 200 ? Facile aussi. 240 ? Oups, pas fait exprès mais facile. Il faut raison garder avec cette voiture tant elle est capable de vous emmener à une vitesse folle en quelques clignements d’yeux. Quel souffle et pas mal de musique avec ! Une vraie réussite que ce moteur remis au goût du jour.

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Du côté de la boîte, la progressivité est au rendez-vous en utilisation standard, également en mode dynamique et manuel. En revanche, je me suis retrouvé à quelques reprises au rupteur ou un peu limité en vitesse de rétrogradage. La réactivité des palettes et par conséquent de la boîte n’est pas toujours au top, générant quelques menues surprises quand on passe en mode « attaque » pur et dur et qu’on se concentre avant tout sur ce qui se passe devant le capot ! Le quattro quant à lui est irréprochable, comme toujours ou presque. Les sorties d’épingle et les vitesses de passage en courbe sont ébouriffantes, l’intégrale se servant aussi à merveille des gommes Continental ContiSportContact 6 de dernière génération. Grip bluffant, en latéral et en décélération comme en motricité… on en prend plein la tête, celle-ci se devant de suivre par ailleurs les remises en vitesse. Pour ne rien vous cacher, je me suis surpris sur certaines de mes sections d’essai à me dire qu’il fallait que je revoie tous mes points de freinage tant cette voiture repousse pas mal de limites !

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Je n’aurais pas dit la même chose de l’ancienne RS3 et ceci pour une bonne raison : Audi a travaillé sur son châssis et livre une excellente machine avec cette nouvelle génération. Oubliez donc le sous-virage chronique et le train avant moyennement incisif de l’ancienne. Ici, c’est un tranchoir qui s’insère avec vivacité à l’intérieur des courbes ET qui y reste, surtout ! La direction remonte bien les sensations et la voiture aime à dire vrai être un peu violentée, jetée dans les courbes et basculée d’un appui à l’autre. La confiance est donc au rendez-vous quand on attaque et on ne craint plus de soudain perdre le train avant, le quattro sachant également bien mieux renvoyer de la motricité à l’arrière quand l’angle à l’avant augmente. De là à glisser et faire de la belle balade ? Non, si l’ESP est intégralement déconnectable sur une simple pression, l’Audi S1 et le TT (ou TTS) sont de ce point de vue plutôt singuliers chez Audi et RS3 reprend les gênes de A3 et S3 : c’est une voiture très équilibrée, très (très) réactive mais ce n’est pas une grande joueuse, c’est un monstre qui aime passer très (très très) vite en courbe ! C’est de ce point de vue tout à fait réussi et les G latéraux encaissés sont une belle compensation par rapport au manque de « lol » du châssis.

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Ma voiture d’essai était par ailleurs dotée de l’option Magnetic Ride (1190€), permettant de conserver un confort très raisonnable en utilisation normale. En utilisation intensive, le pilotage de la suspension permet de limiter les effets de pompage et limite également la sur-lecture de la route par les gros gommards de 19 pouces. Attention, ça peut aussi cogner bien fort : cette suspension est très raide, presque trop raide parfois et je n’ose imaginer ce que cela serait sans l’option en question. Un conseil donc : prenez-là, vous en serez ravis et je pense même que vous gagnerez en vitesse comme en confort, en fonction de l’utilisation choisie. Du côté des freins, il y a une option carbone/céramique mais là, j’ai comme un doute sur l’utilité. Les gros disques acier et les plaquettes actuelle font très bien le travail avec seulement une augmentation sensible de la course pédale à l’échauffement mais toujours avec une bonne consistante et un bon toucher.

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L’ensemble performance de cette Audi RS3 Sportback est clairement du meilleur niveau et vient même surpasser la A 45 AMG dans son ancienne version (je n’ai pas encore essayé la version 380 ch !) en terme de bilan efficacité / vitesse / compromis quotidien. Cette voiture est un pousse au crime toujours renouvelé, un générateur de sourires bluffant et après 580 km passés à bord (14 L/100 de moyenne), je suis définitivement convaincu par son caractère de bête, vilaine, brutale, sauvage parfois et demandant toujours plus de concentration pour être emmenée à rude allure ! Reste la question du tarif, sauvage lui aussi, mais le plaisir et le folie sont définitivement là, Audi continuant sur sa lancée « plaisir » amorcée avec les S1 et TT. Je ne peux qu’approuver.

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