Essai – Toyota GT86

Il y a bientôt quatre ans, j’essayais la première mouture du Toyota GT86 sur route mais aussi un peu plus tard, sur circuit. L’auto était alors fraîchement sortie des bureaux de conception japonais du partenaire Subaru et remise à une sauce Toyota un rien différente. Depuis, la voiture a suivi une carrière commerciale sympathique et a eu le droit à une petite mise à jour.

Mes souvenirs étant plutôt bons mais un rien flous, l’occasion d’un nouvel essai était donc trop belle pour ne pas être saisie, surtout quelques jours après mon essai du MX-5 RF. Pas vraiment un concurrent, mais tout de même une offre assez proche, ceci étant d’autant plus vrai que l’autre coupé japonais a sauté une génération et arbore désormais quelques atours technologiques.

Les retouches esthétiques de la mi-vie de ce véhicule singulier dans la gamme Toyota (en attendant l’autre collaboration, celle mêlant BMW et Toyota) lui font le plus grand bien ! Ce n’est pas tant que ses traits d’origine avaient vieilli, c’est juste qu’ils avaient besoin d’un petit repoudrage, pour coller à l’air du temps.

Le bouclier avant est ainsi complètement revu, le nez pointe un rien plus vers l’avant et le regard se lisse un brin. Les proportions générales de la face avant et du 3/4 avant ne changent pas radicalement mais je trouve ces traits à la fois plus dynamiques et fluides, comme si elle perdait une once d’agressivité au profit d’une élégance sportive assumée.

Les flancs évoluent peu, perdant tout de même le drôle de logo 86 avec ses deux pistons en retrait de l’arche de roue avant. Ce gimmick se retrouve désormais sur le côté des feux, un rien caché. Les gens ne devaient pas comprendre à quoi il correspondait… Les roues changent, forcément. Les rétroviseurs quand à eux ne changent pas d’un iota.

Non, ce qui change vraiment et c’est assurément pour le mieux quand on y pense, c’est l’arrière avec la suppression pure et simple de ce drôle d’aileron qui semblait posé on ne sait trop comment sur la première version. Alors oui, c’est une option et ça n’a rien à voir avec le facelift mais j’apprécie vraiment son absence par rapport à mon ancien essai !

Gageons en tout cas qu’il ne doit pas servir à grand chose, son absence libérant pour les coup les lignes et le 3/4 arrière de l’auto pour la rendre vraiment plus gracieuse. Un net progrès, bien plus notable que les feux revus et corrigés. Seul le logo GT86 semble quelque peu paumé, coincé entre la plaque et le pare-choc arrière. Bizarre.

A l’intérieur, les évolutions sont également notables et là-aussi, bienvenues ! Le système d’infotainment se modernise radicalement et se dote d’une connectivité plus complète. Le volant est largement modifié, intégrant désormais des commandes bienvenues en 2017. La qualité perçue est augmentée de façon nette, sans atteindre toutefois un niveau tout à fait satisfaisant à mes yeux.

Il y a encore un sentiment de patchwork dans cette voiture qui me chiffonne. Rien de terrible mais on sent que les compteurs pourraient être un peu mieux, que les boutons pourraient être un peu mieux du côté des portières et ainsi de suite. Une fois encore, rien de terrible car le bond en avant est criant et le package sportif est toujours bel et bien là. Les sièges sont parfaits, le volant aussi et le levier, un rien long, tombe pile sous la main.

En clair, c’est mieux, très nettement mieux ! S’il faut toutefois comparer au MX-5, c’est moins bien. Il n’empêche, sans cette mise à jour, le Toyota GT86 aurait eu fortement à rougir de son contenu technologique, c’est un peu moins le cas maintenant avec la régulation de vitesse et ce système nettement plus vivable au quotidien sans être au niveau du reste de la gamme Toyota mais sans renier une seule seconde les bonnes qualités de sportive, à commencer par une position de conduite parfaite.

Je me suis ainsi retrouvé parfaitement à l’aise le temps de mon essai, ne peinant seulement que pour trouver un emplacement à mon smartphone pour afficher Waze ou Coyote. Le GT86 ne bénéficie en effet que d’une espèce de renfoncement dans lequel on tente tant bien que mal de caler l’iPhone dans la longueur. Cela fonctionne avec un 6S, sûrement pas avec un Plus ou un 7. Bon, ceci dit, pour comparer encore, le MX-5 fait tout sauf mieux de ce point de vue, c’est une plaie !

Appui sur Start. Le moteur s’ébroue sans trop en faire, voire avec discrétion. Je me souvenais d’un peu plus de cœur au démarrage, attendant sûrement un peu trop de la double trompette intégrée au bouclier arrière. Nenni, le flat 4 est silencieux, un rien métallique et pas forcément flatteur dans le bas des tours. Il n’a mécaniquement pas changé d’un iota, développant toujours 200 ch et 205 Nm.

Si vous espérez enrouler sur le couple, oubliez. L’auto pèse toujours plus de 1200 kg et sa nature atmosphérique et guère remplie n’aide pas. Les débattements de boîte sont excellents, leur étagement paraît long mais il n’en est en fait rien. En tirant un peu sur les rapports et en cherchant un peu le point de patinage – toujours pas bien évident, on récupère des mises en vitesse convenables mais tout sauf stupéfiantes.

C’est qu’on s’ennuierait un peu, non ?

Non, c’est juste que j’avais oublié un truc. Le Toyota GT86 se manipule et se conduit dans les tours, toujours dans les tours. Le boxer est autrement sans intérêt, sans âme, sans force, il se contente de brûler de l’essence (9.1 L/100 sur les 415 km de l’essai, un brin élevé au vu de mon rythme) sans rien donner en retour.

En fait c’est simple, le GT86 est ennuyeux, pratique, convenable et discret jusqu’à ce que vous preniez la goupille qui dépasse de votre oreille, la saisissiez bien et tiriez bien franchement avant de la balancer par la fenêtre opportunément ouverte ! Rajoutez un mode Track rigolo et un ESP quasiment déconnecté et c’est parti pour des virages, des virages, des virages. Oh tiens, encore des virages.

L’amortissement, globalement confortable au quotidien mais aux débattements assez réduits, permet de limiter admirablement les mouvements de caisse du GT86. On est pour le coup à des années lumières des débattements presque caricaturaux à y bien penser du MX-5. J’ai vraiment pris beaucoup de plaisir dans cette auto grâce à cette suspension un rien revue qui sert le dynamisme de l’auto.

Plus encore, elle sert ses placements en chargeant juste ce qu’il faut les gommes toujours surprenantes du petit coupé puriste. Le choix des Primacy de Michelin est reconduit, avec toujours la sensation de manquer d’un zeste de grip latéral. C’est un choix volontaire, une fois encore et il faut se l’approprier pour bien comprendre la nature cette voiture assurément bien faite.

Le Toyota GT86, bien servi par une direction précise sans être trop incisive, doit se placer sur la base d’une charge propre de ses ressorts et gommes. Une fois la bascule faite, un léger jeter de volant que l’on maintient dans un contre braquage tout aussi léger permet de tenir l’auto sur ses appuis, dansant d’une courbe et d’un changement de cap à l’autre.

Le coupé, loin d’être d’une efficacité pure en terme de grip latéral ou de vitesse de passage en courbe, semble se comporter comme une danseuse, une ballerine perchée sur ses quatre petites zones de contact avec la route, agile et fluide, gracieuse et communicative. Quel régal, une fois le mode d’emploi retrouvé et repris depuis la leçon 101 jusqu’à la belle virgule en sortie d’épingle !

Les freins sont aussi bien là pour stopper les vitesses raisonnables que le GT86 est capable d’atteindre. Ils ne faiblissent pas vraiment, se contentant d’un légèrement allongement de la pédale au fil de la chauffe et des kilomètres. Facilement dosables, comme l’embrayage au bout de quelques centaines de kilomètres, ils ont le bon équilibre entre le mordant et la facilité.

En revanche, il va falloir songer à faire quelque chose du côté du bruit pour ce qui est de la conduite quotidienne. Soit les utilisateurs précédents avaient rincé les plaquettes, chose que je n’ai pas vérifiée, soit c’est proprement inacceptable ! Les crissements et leur reproductibilité m’ont rappelé les premières systèmes carbone/céramique qui se mettaient à chanter dès lors qu’on regardait la pédale de freins.

Mais trêve de ronchonnement car pour le reste, j’ai eu le déclic. J’avais oublié ce dont était capable le GT86. Son habitabilité est en net progrès, ses lignes sont mieux maîtrisées mais c’est surtout son châssis qui est toujours autant un p*tain de régal que l’on place d’un bord à l’autre de la route d’un jeter de volant à l’autre, toujours en confiance quant à sa capacité à communiquer ses transferts de charges et pertes d’adhérences.

Tout le bien que je pensais de cette voiture, une fois en haut des tours et malgré une sonorité terriblement décevante, ne s’est pas évaporé et reste parfaitement valide. Certains points ont même progressé, rendant l’équation encore plus charmante en dépit d’un malus écologique de 7000€ qui grève clairement le bilan financier. Vous pourriez néanmoins être tentés d’en faire une voiture quotidienne désormais, ce qui était loin d’être le cas auparavant !

Non, désolé Subaru Toyota, ce qui te manque toujours, c’est ce supplément d’âme et de modernité du côté du moteur, une sonorité, quelque chose qui crache, qui éructe sur commande, quelque chose capable d’aller sortir (dans la tête au moins) quelques flammes de ces deux trompettes tout en enroulant du couple et du joli ronron à mi-régmimes.

Bref, c’est moche de dire ça mais il te faut un moteur moderne. Soit un 2.0L Mazda, soit autre chose, parce que là tu te fais bouffer tout cru. Le boxer est certes amusant à tenir à 7000 tr/min mais il est usant et peu polyvalent, creux à bas et mi-régime, ne daignant mettre très sérieusement en vitesse le GT86 qu’une fois les 5000 tr/min franchis et le mors entre les dents.

D’aucuns me diront que c’est à cela qu’on reconnaît sa nature de puriste. Je leur répondrai que même des puristes absolus et concepteurs de supercars ont trouvé de meilleures recettes sans renier ce caractère là. Alors voilà, je lorgne du côté du nouveau bloc 1.8 compressé de la nouvelle Yaris GRMN… Pourrait-on imaginer un instant une fin de carrière du Toyota GT86 équipé de ce bloc ? Il ne peut être que meilleur et viendra sûrement servir avec gourmandise ce châssis toujours aussi formidable.