Essai – Kia Cee’d 1.6 CRDi

Depuis Genève et sa découverte sur le salon suisse, j’attendais avec une certaine impatience de prendre le volant de cette concurrente très sérieuse du segment C. En cette période d’accusations (ridicules) des voitures coréennes, je vais apporter avec un certain plaisir de l’eau au moulin Kia car si l’on peut, dans un réflexe protectionniste désespéré, critiquer le « déferlement » (pardon mais je rigole, ces gens connaissent-ils les volumes de vente de Kia / Hyundai ?) de la Corée en France, peut-on en revanche remettre en cause le fait que ces marques ont su évoluer et proposer désormais des véhicules d’une qualité bluffante ? Non. A moins d’être d’une mauvaise foi terrifiante.

J’ai parcouru pas loin de 2000 km au volant de cette déclinaison diesel de la Cee’d, 1.6 CRDi et 128 ch sous le capot (je testerai la 1.6 GDi à boîte DCT une prochaine fois), suffisant en théorie pour enquiller les bornes sans se faire trop mal au porte-monnaie (consommation moyenne à 7L/100, honnête étant donné la manière dont je roule…). Il est assez rare que je parcoure autant de distance puisque j’essaie de me cantonner à la région parisienne / normande lorsque je teste des voitures… Mais l’occasion d’un weekend ensoleillé était trop tentante, surtout avec le gigantesque toit vitré de la Cee’d.

Je ne vais pas m’éterniser sur le moteur, vous savez très bien que ce diesel ne m’a jamais vraiment convaincu, ne donnant vraiment pas l’impression de développer la puissance annoncée… Cela manque de souffle, de punch, par rapport par exemple au petit 1.6 HDi 110ch du groupe PSA ! La boîte est en revanche plutôt bonne avec un bon compromis précision / confort, ce qui rend l’exercice des petites routes du Minervois encore plus frustrant tant le comportement dynamique de la voiture est satisfaisant au vu de son positionnement. Il y a un monde entre la Pro Cee’d essayée il y a un an et cette nouvelle mouture, définitivement dans l’air du temps en terme d’agrément. Les suspensions sont confortables en toutes circonstances sans dégrader la tenue de route, le comportement est sain dans les enchaînements de virages serrés ou plus allongés et avalés à bonne allure sans toutefois trop hausser le rythme, n’étant pas seul dans la voiture et ne bénéficiant pas de routes à la visibilité exemplaire. Quoiqu’il en soit, sur les petites routes empruntées, je me suis régalé et je ne me suis fait peur à aucun moment, que ce soit d’un point de vue dynamisme du châssis ou bien de l’endurance du freinage, bien sollicité pendant les deux longues descentes du Pic de Nore !

Vous l’aurez compris : si l’on excepte le moteur quelque peu en retrait mais amplement suffisant dans la plupart des situations, le reste du comportement dynamique est de bon niveau. J’avoue toutefois avoir eu extrêmement peur en parcourant les premiers kilomètres à bord de la Cee’d. Le tarage de la direction était calé en « Normal » ou en « Confort », je ne m’en souviens pas exactement mais toujours est-il que ces deux modes sont à mes yeux une horreur. Point milieu terriblement flou, assistance trop important et déconcertante, je n’ai pas été convaincu une seule seconde ! Fort heureusement, le mode « Sport » est là et corrige la donne, du moins pour ce qui est de mon ressenti. J’aime avoir une direction précise, un point milieu bien défini et une bonne directivité avec notamment une perception des déplacements de la voiture conforme à celles du volant. Ouf, je respire. Côté pédales, rien de particulier à signaler, c’est de bon niveau. Bon, quittons le monde dynamique pour parler du statique, robe extérieure et habillages intérieurs…

La robe extérieure m’a charmé. Le regard est franc, la calandre présente sans être massive et les lignes ont ce qu’il faut de dynamisme et de sportivité. Jolies roues, jolie gueule, un arrière bien équilibré et une face avant ayant là-aussi ce qu’il faut de charisme, Cee’d est à mes yeux un succès total, dans la lignée de ce que la marque produit depuis quelques temps mais avec une vraie maturité. De plus, je parlais du dynamisme de la Pro Cee’d et de la nécessité de l’oublier. Il en va de même pour l’intérieur de cette nouvelle Cee’d, certes en version Premium / Pack Ultimate, car la finition et les matières employées n’ont strictement plus rien à voir avec celles de l’ancienne génération. On peut même, soyons fous, comparer le niveau de finition de cette Cee’d à celle de l’Optima ou du Sportage. Kia frappe fort avec un mix matières / équipements qui peut faire très mal à la concurrence au vu des prix de la gamme Cee’d ! Alors, le moyeu du volant affiche encore et toujours un plastique peu flatteur, il reste encore des boutons en plastique noir moche mais la concurrence ne fait pas toujours beaucoup mieux.

J’ai été bluffé, mes passagers aussi, une fois de plus… Je me souviens des réactions des mes passagers en Rio, je vois maintenant celles de ceux transportés en Cee’d. Drôle de regard, étonné et séduit. C’est peut-être ça le vrai souci de l’automobile française ? Les autres progressent et ils produisent en Europe… Donc oui, Cee’d est une réussite et elle corrige avec bonheur les défauts de l’ancienne génération, première Kia conçue et développée pour l’Europe. Cette deuxième mouture était attendue et la marque peut d’ores et déjà se persuader d’une chose : oui, la Cee’d est une très bonne voiture.