Visa pour l’Image – 20 ans d’image au Grand Rex

Mardi dernier, au Grand Rex, avait lieu un évènement assez unique : la « montée à Paris » du célèbrissime festival perpignannais « Visa pour l’Image » … LE festival dédié au photojournalisme. En 20 ans, cet évènement a acquis une renommée mondiale et une respectabilité reconnue ! Pour fêter ce moment, le Grand Rex a accepté d’accueillir le festival pour une projection spéciale et unique d’un petit nombre de travaux des 20 éditions du festival …
J’y étais, pour mon plus grand plaisir. Mais aussi pour un peu de déplaisir et une belle dose d’amusement ! L’amusement était du à une certaine partie du public … Comment dire … Je vis au jour le jour dans un quartier légèrement bobo mais cette soirée a atteint une concentration de boboittude jamais vue !!! Tu veux du bobo ? Vas dans ce genre d’évènements, tu seras servi jusqu’à satiété, voire jusqu’à overdose ! Amusant … mais pas dérangeant … Habillé comme un sac, le sourire moqueur aux lèvres, j’ai du passer pour le connard de service, ce rôle me sied à ravir !
Maintenant, passons au plaisir et au déplaisir … Le plaisir est venu naturellement de l’ambiance de la salle, tendue et attentive, curieuse et cultivée, face à un nombre de photos sublimes et terribles à la fois ! Paul Fusco, Scott Thode, Stanley Greene et bien d’autres se sont succédés à l’écran, toujours avec justesse, humanité, beauté et talent … Un spectacle rare que celui de visionner sur grand écran des clichés statiques, parfois commentés par leurs auteurs, devant une salle toute yeux et ouïe.
Le déplaisir … est venu de certains sets qui certes s’inscrivaient l’esprit du festival mais qui à mon sens faisaient tâche parmi ces sets absolument magnifiques : une rétrospective de l’année 1968 et une de la carrière des Stones … Des clichés intéressants, quelques photos hallucinantes mais on est loin de l’émotion générée par « Venus », par « Road to ruin » ou par ce reportage sur les Roms du monde entier … Peu d’humanité, un simple constat photographique, c’est bien là mon reproche même si le photojournalisme est « aussi » un constat avant de devenir une oeuvre d’art ! Il ne faut bien sûr pas perdre de vue le fait que ces journalistes qui parcourent le monde en quête des sujets que notre époque leur offre sont avant tout là pour témoigner, informer, faire ressentir … ils ne sont pas là pour gagner des prix …
Voilà l’esprit de Visa pour l’Image, ce qui se ressent dans tous ces clichés et c’est ce que je retiens de cette projection, malgré ce point moins positif. Un moment rare, une ambiance rare, des photos rares … j’espère très sincèrement que cette expérience sera renouvelée dans les années à venir mais une chose est sure : j’espère voir souvent des photos comme celle-ci … l’ultime cliché de la série « Venus » … un set d’une terrible intensité : Venus, une SDF de NY, sidéenne et narcodépendante, suivie par Scott Thode de sa rencontre avec elle, en 1986, à sa mort en 1997 … Avec ce genre de clichés, je serai à Perpignan en septembre 2009.